Entretien avec Luc René Messanh
Entraîneur de la Jeunesse Sportive de Pobè (JSP)
« Le football n’est pas prioritaire en ce moment-ci, la santé avant tout »

Luc René Messanh

Depuis que les compétitions de football de la saison 2019-2020 ont été officiellement annulées au Bénin à cause du coronavirus, les acteurs du sport béninois sont plus que jamais éloignés des aires de jeu. Une chose que vivent très mal ces derniers, surtout les athlètes. D’abord séparés de leur passion favorite, et à la fois d’une activité de source de revenus, ils s’impatientent de vite traverser cette période critique et retourner à leur besogne habituelle. Désormais à la maison, ça devient difficile pour eux de s’entraîner dans de petits espaces. Conscients de la tâche, les entraîneurs se transforment en garde du corps de leurs poulains, histoire de s’assurer que ces derniers ne plongent pas dans la paresse. Approché, Luc René Messanh, actuel entraîneur de la Jeunesse sportive de Pobè (JSP / Ligue 1 - Bénin), opine sur la situation. Dans cet entretien, il lève un coin de voile sur la connexion entre ses joueurs et lui depuis l’arrêt des compétitions, et jette un regard de technicien sur l’état actuel du football béninois.

Bonjour monsieur Messanh, le verdict est désormais connu ; "La saison 2019/2020 est annulée au Bénin". Conséquences, plus de match de championnat, plus d’activités en club avant la prochaine saison. Dites-nous, quel est votre ressenti en tant que coach, acteur et consommateur du football béninois ?
Nous sommes désormais sans championnats, ce n’est pas une période facile à vivre pour nous qui sommes habitués à avoir des séances d’entraînements au quotidien et à livrer des rencontres du championnat dans le week-end.

Personnellement, comment gérez-vous cette période avec vos poulains de la Jeunesse sportive de Pobè ?
Nous avions concocté par le passé des nomenclatures d’exercices et des entraînements afin de pouvoir garder la forme. Mais, à partir de trois mois sans compétition, l’organisme humain n’est plus adapté aux exigences de la recherche de la performance dans le sport de haut niveau. Donc, le mieux à faire est de continuer ainsi vaille que vaille, en attendant le retour du football.

Il faut remarquer que le niveau du football béninois a connu une amélioration durant ces deux dernières saisons. Quelle analyse faites-vous à ce propos ?
Au cours des deux dernières saisons, le niveau du championnat béninois a évolué d’un cran. J’ai cette de pouvoir être encore au pays et d’avoir entraîné plusieurs clubs en l’espace de deux ans. Je pense que le niveau a sensiblement évolué, les équipes font de plus en plus appel à des joueurs expérimentés, ça veut dire que le niveau est rehaussé. Les joueurs sont vraiment en jambes à disputer 30 journées durant, ça fait que le championnat est vraiment disputé. Le niveau technique des joueurs s’en va améliorant. La remise en cause des entraîneurs est aussi perpétuelle et cela a fait que les rencontres sont âprement disputées. A partir de ce moment, je pense que le championnat est à un niveau très acceptable.

Pour conclure notre entretien, vous avez certainement un message à l'endroit du public sportif béninois qui subit également les affres de l’annulation des championnats ?
Je l’exhorte à la patience. Le football n’est pas prioritaire en ce moment-ci, la santé avant tout. Les autorités ont exigé qu’il y ait le minimum de mesures strictes à observer, j’exhorte tous les béninois à pouvoir observer ces mesures barrières, afin de contribuer à enrayer cette pandémie qui a tendance à faire effondrer le monde. Le sport n’est pas actuellement indispensable, c’est la vie qui compte. Le football c’est tous les jours, mais la vie se vit au quotidien également.