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Julien MINAVOA

Président du Comité National Olympique et Sportif Béninois (CNOSB)

« Il est temps que les acteurs de la famille du football comprennent plutôt les grands enjeux de ce sport et arrêtent leurs guéguerres qui ne nous avancent pas ».

Julien Minavoa

 

Du 5 au 21 août 2016 prochain, la ville de Rio abrite les jeux de la XXXIème Olympiade. A quelques semaines du coup d’envoi de cette grande compétition planétaire à laquelle le Bénin prend part avec six athlètes, notre rédaction a tendu son micro au Président du Comité National Olympique et Sportif Béninois Julien Vinankpon Minavoa. Dans cet entretien exclusif, le Patron de l’Olympisme béninois dresse un bilan du Bureau Exécutif qu’il dirige à quelques mois de la fin de son mandat. Ensuite, il revient sur la situation pas trop reluisante du sport en général et du sport roi en particulier. Enfin, il propose une thérapie de choc pour sortir le sport béninois de sa léthargie avant de lever un coin de voile sur la participation du Bénin aux prochain Jeux Olympiques de Rio. Entretien !!!

 

Bonjour monsieur MINAVOA, comment se porte la famille de l'olympisme au Bénin ?

Je commence par saluer tous les lecteurs e « Préférence Magazine » ainsi que ceux qui d’une manière ou une autre contribuent à sa rédaction et à sa parution régulière.

La famille de l’olympisme au Bénin qui, il y a presque quatre ans en arrière comptait une vingtaine de fédérations membres se trouvent aujourd’hui avec la trentaine. Rien qu’à s’en tenir à cette évolution quantitative l’on pourrait, sans verser dans un optimisme béat, se satisfaire de dire que la famille se porte bien. La suite du présent entretien nous dira le reste.

 

Le 17 mars 2016 dernier, vous avez bouclé trois années à la tête du CNOSB. Pouvez-vous monsieur le Président, nous dresser un bref un bilan à la tête de l'olympisme béninois à moins d'un an de la fin de votre mandat ?

La primeur d’un bilan de nos actions, si bref  soit-il ne saurait échapper à nos mandants, c’est-à-dire à nos fédérations membres. Toutefois, il est loisible de dire que  notre bilan  se laisse dire, pour ne pas dire qu’il est tour visible. D’autant que l’essentiel de nos actions non seulement sont  du concret mais également ouvertement clamées et diffusées par nombre d’organes de presse. Mais il ne serait pas exagéré d’indiquer que nos actions étaient orientées sur trois domaines stratégiques à savoir : 1°) Le cadre de vie et les conditions de travail (voir changement au niveau du siège) ; 2°) La formation des acteurs (administratif, coach et autres officiels) ; 3°) La présence du CNOSB à tous les fora marqués par de substantielles contributions.

 

Lors de votre prise de fonction, vous vous êtes fixés un certains nombre d'objectifs dont ceux de "Continuer par compter sur la solidarité olympique et surtout sur l’Etat Béninois, les opérateurs économiques, etc. ; Mettre un point d’ogre à faire comprendre au mieux le CNOSB à la Presse ; Poursuivre grâce à la Solidarité Olympique, la mise en œuvre des programmes en faveur des athlètes à travers les bourses olympiques, les subventions, etc.: Assurer la promotion des valeurs olympiques à travers les cours de médecine de sport, la vivacité environnementale dans le sport, etc. ; Doter le CNOSB d’un siège avant la fin du mandat ; Créer au sein du CNOSB une structure chargée de la formation et le recyclage des acteurs du mouvement sportif béninois et de la sous-région, en cours avancé en management du sport ; Activer d’avantage les relations entre le CNOSB et les institutions de l’Etat, le monde des affaires, les médias. Dites-nous monsieur le Président, quel est l'objectif qui vous tient à cœur et que vous pensez réaliser avant la fin de votre mandat?

Je vous remercie d’avoir suivi et retenu de manière détaillée les ambitions qui étaient les miennes ainsi que celle de mon Bureau Exécutif à notre élection le 17 mars 2013 et qui avaient été publié. Nous nous y attelons avec l’espoir que  nous y arriverons. Tous les acteurs du mouvement sportif national sont conscients qu’ensemble nous devons redorer le blason de notre sport. Il est vrai que la gouvernance politique passée, n’a pas du tout  favorisé la symbiose souhaitée. Fort heureusement, nous avons tenu, devant tous les assauts nourris et pensons qu’avec la rupture et le nouveau départ, les choses iront pour le mieux.

 

Quelle sera la suite de votre feuille de route pour les derniers mois de votre mandat?

Evidemment en plein dans la finalisation de la composition en matière du nombre d’athlètes devant être accompagné aux Jeux Olympique de Rio 2016. Il nous faudra rechercher les ressources pour assurer le voyage par avion et les commodités indispensables pour une participation honorable de la délégation béninoise.

Ensuite, dès le retour des Jeux Olympiques, s’engager dans la rédaction des différents rapports et la préparation pour la convocation de l’Assemblée Générale Elective devant se tenir le dernier week-end avant le 17 mars 2017.

 

Vos grandes réalisations après trois années et saluées par la famille du sport béninois, n'ont certainement pas été possible sans difficultés, votre parcours ayant été parsemé d'embûches. Monsieur le Président, pouvez-vous lever un coin de voile sur quelques difficultés auxquelles vous avez été confronté à ce jour dans l'accomplissement de votre mission?

Vous le savez très bien et fort heureusement aujourd’hui, plus personne ne s’en cache. Ma plus grosse difficulté a été l’adversité féroce injuste et dévastatrice à laquelle je m’étais vu confronter, rien que pour avoir appuyé sur la sonnette d’alarme en ma qualité de Président  du Comité National Olympique (CNO) de mon pays, par rapport à la décision du Conseil des Ministres ayant ordonné le retrait d’agrément à la fédération Béninoise de Football. Aujourd’hui, notre football est totalement plombé et tout le monde oublie qu’il ne saurait en être autrement. Les acteurs se sont terrés  et n’osent plus ouvrir la bouche.

 

Monsieur le Président, selon vous quels sont les véritables maux dont souffrent notre sport ?

Les véritables maux de notre sport ont noms  1°) La mauvaise gouvernance ; 2°) La navigation à vue (sans vision) ; 3°) L’incompétence dans le management des organisations sportives et olympiques ; 4°) L’encadrement technique totalement sclérosé.

 

7°) Revenons si vous le permettez aux prochain Jeux Olympiques d'été prévus à Rio de Janeiro en août prochain. On constate que plusieurs tournois qualificatifs s'organisent et plusieurs athlètes béninois ont déjà fait leurs adieux à cette compétition olympique très prisée. Pouvez-vous nous dresser un bref bilan de la préparation de nos athlètes?

1°) Du point de vue de la préparation de nos athlètes, je peux vous assurer que mi-2014, notre CNO a cru devoir, grâce à l’appui de la solidarité olympique, placer et financer la préparation de deux athlètes de taekwondo, un de judo, trois de l’athlétisme et un en boxe dans des centres accrédités par leurs fédérations internationales respectives. Il n’y a eu aucun apport de l’Etat dans ce cadre ; 2°) Résultats, aujourd’hui, nous en sommes à attendre les championnats d’Afrique d’Athlétisme pour boucler l’effectif de notre délégation.

 

De source bien informée, nous apprenons que le CNOSB n'est pas impliqué dans la préparation des athlètes, le Ministère des Sports que dirige Safiou Idrissou Affo, ayant décidé de  s'adjuger des attributions. Confirmez-vous l'information? Cela explique t-il la cascade d'échecs enregistrés par nos athlètes qui prépare ces jeux ?

Je peux vous l’affirmer et vous confirmer cette information que vous évoquez. Les échanges de courriers officiels entre le Comité National Olympique et Sportif Béninois (CNOSB) et le Ministère de la Jeunesse, des Sports et Loisirs (MJSL) dans le temps sont là pour en témoigner. Le drame, c’est depuis l’approche des Jeux Africains au point qu’aucune prévision donc aucune action n’a été faite pour la préparation de nos athlètes pour les Jeux   Olympiques, en dehors de celles citées plus haut. Conséquences, nous ne devrons pas être surpris des résultats piteux de nos athlètes.

 

Revenons monsieur le Président au cas de Privel Hinkantin qui n'a pas pu se qualifier pour les J.O. et qui pourrait profiter du principe de l'universalité pour défendre les couleurs du Bénin à Rio de Janeiro.  Nous apprenons que vous vous battez pour cet athlète prisse faire le voyage de Rio de Janeiro. Qu'en est-il exactement monsieur le Président ?

Oui, le CNOSB se réjouit d’avoir découvert notre jeune compatriote Privel Hinkantin, courageux pratiquant d’aviron. Il n’a malheureusement pas réussi à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Rio 2016. Il est vrai que le CNOSB a sollicité qu’il bénéficie du système  d’invitation appelé « Wild Card », au cas où la Fédération Internationale d’Aviron en serait favorable au vue de ses performances. Mais nous sommes au regret de ne plus pouvoir compter sur cette possibilité. Nous espérons que Privel saura prendre son mal en patience pour les Jeux de Tokyo 2020. Le CNOSB envisage déjà de l’inscrire  sur la liste de ses prochains bénéficiaires  de bourses olympiques pour de meilleures préparations.

 

Un autre cas qui fait le chou gras de l'actualité au Bénin, c'est celui de l'Athlète Noélie Yarigo qui a décroché son billet qualificatif pour les J.O., mais qui devra d'abord voir sa participation validée après une inscription de sa fédération mère, entendez la Fédération Béninoise d'Athlétisme. Ici, un conflit entre son entraîneur et le président de la Fédération Béninoise d'athlétisme pourrait hypothéquer sa participation. Monsieur le Président, le CNOSB a t-il été informé de cette situation conflictuelle? Dans le cas affirmatif, quelle solution pouvez-vous suggérer pour dénouer ce conflit?

La situation qu’évoque cette question, est réelle mais aujourd’hui déjà conjuguée au passé. L’athlète  figure en Noélie Yarigo bonne place dans la délégation du Bénin pour les 800m aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Seulement qu’il faut avouer que la situation  de son entraîneur est beaucoup plus compliquée du simple fait que ni la Fédération béninoise d’Athlétisme, ni le Comité National Olympique (CNO) ne saurait inscrire officiellement un individu dont la qualité encore moins le domaine de compétence ne figure sur aucun répertoire officiel.

 

En définitive, peut-on espérer une large participation des athlètes béninois aux prochains Jeux Olympiques d'été prévus à Rio de Janeiro du 5 août au 21 août 2016?

Je l’ai déjà dit, plus haut les athlètes béninois seront forcément présents aux cotés de ceux de tous les 206 Comité Nationaux Olympique (CNO) membres du Comité International Olympique (CIO) du 5 au 21 août 2016, pour prendre part aux Jeux de la XXXIème Olympiade.

 

Depuis votre prise de fonction à la tête du CNOSB, les relations n'ont pas toujours été au beau fixe avec le ministère de tutelle, son patron Safiou Idrissou Affo vous ayant reproché votre impartialité dans la crise du football après le retrait de l'agrément. Et aujourd’hui, les faits vous donnent raison puisque la mise en place d'un Comité Normalisation est loin d'avoir apporté une solution durable à la situation du football béninois. Monsieur le Président, quel est votre état d'âme en ce moment lace aux derniers rebondissements de la crise, qui n'honore pas le sport béninois?

C’est exact. Monsieur Safiou Idrissou Affo, ancien Ministre des Sports et moi avions joué ces deux dernières années, depuis le retrait d’agrément à la FBF, au jeu de chat et de la souris. Je ne souhaitais guère ce qui arrive actuellement au football de mon pays au point à faire nécessairement courber l’échine aux dirigeants au sommet de l’Etat, devant une institution. Mon âme saigne plutôt, surtout que rien ne me rassure du bout du tunnel quand bien même, il est permis de rêver.

 

Justement, le Bénin aura le 6 avril prochain un nouveau Chef d'Etat Talon Patrice, donc un nouveau Ministre en charge des Sports. En tant de personnalité avertie du sport béninois en général et du football en particulier, s'il vous était demandé de faire des suggestions au prochain Patron des Sports au Bénin, que répondrez-vous?

Je sais que le nouveau Chef de l’Etat Patrice Talon, a une vision pour le sport clairement exprimée et transcrite dans son projet de société. Je pense que la préoccupation première du nouveau Ministre des Sports serait de s’en approprier, d’en décliner les mesures  et d’essayer d’engager les démarches nécessaires pour le vote d’une « loi programmatique » basée sur un projet innovant et durable. Il devra engager ses actions en parfaite harmonie avec le Mouvement Sportif National et le CNOSB.

 

Monsieur le Président, notre entretien tire à sa fin. Vous avez certainement un appel à lancer à la famille du sport béninois ?

Nous devons avoir des ambitions pour notre sport. Il nous faudra travailler pour faire mieux connaitre notre pays. Le football est, et demeure le sport-roi sous tous les cieux. C’est souvent par lui que sont connues toutes les Nations et surtout les Nations sans grandes ressources. Il est temps que les compatriotes, acteurs de la famille du football comprennent plutôt les grands enjeux de ce sport et arrêtent leurs guéguerres qui ne nous avancent pas.

 

Votre mot de fin pour conclure cet entretien

Merci à « Préférence Magazine » de m’avoir accordé l’occasion de partager ces quelques préoccupations avec ses lecteurs. Je souhaite pleins succès et beaucoup de plaisir à tous les athlètes qui se retrouveront aux Jeux Olympiques de Rio 2016.

 

Propos recueillis par René José SAGBO

Site "Jipsports", Date de la 1ère Publication : Lundi 25 Juillet 2016 (22H12MN)

 
 

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