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Coupe du monde de la Fifa Qatar 2022 / Entretien exclusif avec Idrissa Congo,

Sélectionneur national adjoint des « Etalons Espoir » et des U20 du Burkina Faso.

« Ce n’est pas le nombre qui fait la performance »

Idrissa Congo

 

La coupe du monde de la Fifa, Qatar 2022 est rangée dans les annales de l’histoire. Quels enseignements pour l’Afrique ? Dans cet entretien exclusif, l’actuel sélectionneur national adjoint des « Etalons Espoir » et des U20 du Burkina Faso et entraîneur-formateur de métier Idrissa Congo, nous fait une analyse sur des volets ayant trait à l’Afrique, entre autres les pays qui vont bousculer les traditionnels mondialistes.

La coupe du monde de la FIFA Qatar 22ème édition, a refermé ses portes depuis le 18 décembre 2022 avec le sacre de l'Argentine, l'heure est maintenant aux enseignements. Quelle appréciation(s) faites-vous de la participation des pays africains ?
Si je devais tirer un bilan de la participation des pays africains à cette coupe du monde qui a d’ailleurs été extraordinaire, le président de la Fifa, Gianni Infantino l’a du reste reconnu, il a dit que c’était l’une des meilleures coupes du monde que les gens ont vécue. En ce qui concerne l’Afrique, je dirai que c’est une participation honorable, même si l’Afrique pouvait faire mieux. Mais au vu de la place historique du Maroc qui pour la première fois fait que l’Afrique a atteint les demi- finales, on peut dire que le continent a été honorablement représenté. Parmi les cinq représentants, on attendait le Cameroun et le Sénégal en quarts, mais les Sénégalais au regard des blessures de quelques joueurs stars, avant l’entame(cas de Sadio Mané) même de la compétition, et pendant le tournoi, l’on savait qu’il partait diminué en huitièmes face aux « Three Lions » d’Angleterre qui n’est pas une petite équipe. Par contre pour le Ghana, c’est une déception parce qu’il s’est fait éliminer au premier tour face à des adversaires qui étaient à sa portée. Le Cameroun quant à lui, a fait une mauvaise entrée, sinon il pouvait se qualifier pour les huitièmes et voire aller encore loin. Néanmoins un exploit face au Brésil, le Cameroun a tenu la dragée haute, avec un but de belle facture de Vincent Aboubakar. Le Brésil c’est le Brésil, il ne jouera jamais contre un pays africain pour se faire battre. La victoire du Cameroun est donc méritée. Mais si on doit établir un pourcentage, parce qu’avec cinq représentants, si on avait eu trois équipes en quarts, la performance africaine aurait été vraiment formidable, dans l’ensemble on dira que c’est passable, mais qu’à cela ne tienne, la place historique du Maroc, a attiré l’attention des autres continents que l’Afrique est en train de travailler, d’élever le niveau de son football. Il ne faudra pas penser que la performance du Maroc c’est du hasard, c’est un travail de fond, de longue haleine, avec de gros investissements du royaume chérifien au niveau local dans les infrastructures, une bonne organisation au niveau de la formation des jeunes, les autres pays doivent imiter le Maroc, c’est ainsi que l’on pourra élever le niveau d’ensemble du football africain et faire rêver encore plus l’Afrique. Une chose que moi j’ai relevé à cette coupe du monde au vu de la physionomie des matchs des pays africains est que non seulement, il faut avoir un onze entrant de qualité, et aussi un banc de touche riche, c’est d’ailleurs ce qui a handicapé le Maroc en demi-finale. Je vous assure que si le Maroc avait un effectif bien étoffé, il pouvait jouer cette finale. Vous avez vu le milieu défensif Sofyan Amrabat (dossard 4), bien que très diminué physiquement à cause des blessures, a forcé pour jouer la demi-finale, mais au bout de quinze minutes, le coach a dû le remplacer, et ce n’est pas le seul cas, sinon le Maroc pouvait jouer la finale, et pourquoi pas la remporter. Autres enseignements, ce que je retiens également, pour une première fois, les sélectionneurs africains étaient tous des locaux, c’est un point positif, il faut aussi valoriser l’expertise locale.

La Fifa a lors de la coupe du monde, procédé au changement des quotas, l'Afrique aura désormais neuf représentants. Cette augmentation va-t-elle influer sur les performances des pays africains ?
Oui et non, si l’Afrique continue à travailler, sil elle se fait vraiment représenter par les meilleurs, parce que ce n’est pas le nombre qui fait la performance, c’est deux choses différentes, on ne peut pas dire que c’est parce que c’est neuf qu’automatiquement à la prochaine coupe du monde, elle va rééditer cette performance des demi-finales. Il faut continuer à bien s’organiser, et être stable car en Afrique, c’est un problème, il faut parler de stabilité pour les grandes performances. C’est vrai le coach du Maroc Walid Regragui à pris l’équipe à trois mois de la coupe du monde, en remplacement de Vahid Hallilodzic qui avait du reste qualifié l’équipe, mais qui été limogé pour des divergences de sélection des joueurs, pour faire venir un local qui connaissait mieux le groupe. Et ce dernier a pris ses responsabilités en faisant revenir en sélection des éléments qui étaient entre griffes bannis (cas de Hakim Zyech (dossard 7) de la sélection par son prédécesseur. Je le répète, oui avec neuf, voire dix, puisqu’il va rester deux places à compléter aux 46 pour faire 48, à l’issue des barrages avec les cinq autres confédérations, excepté l’UEFA, l’Afrique aura beaucoup de chance, mais qu’elle sache que ce n’est pas le nombre qui fait la performance.

Déjà les discussions vont bon train sur la formule des éliminatoires pour choisir ces neuf représentants, selon vous quelle pourrait être cette formule ?
Selon moi, la formule de zone ne sied pas, parce que quand on organise des éliminatoires par zones, vous avez qu’il certaines qui regorgent de très bonnes équipes, comparativement à d’autres zones, en ce sens que les neuf qui seront retenus ne représentent pas l’Afrique en terme de qualité. Pour la formule idéale, il faudrait que les techniciens de la Caf réfléchissent beaucoup, il faut vraiment trouver la formule qui pourra vraiment qualifier les meilleurs pour représenter le continent. Je n’ai pas une formule magique à proposer, mais ce dont je suis convaincu, la formule de zones, il faudra l’éviter.
 

... Si le Maroc avait un effectif bien étoffé,

il pouvait jouer la finale, voire même la gagner.


Selon vous au vu de l’évolution du football sur le continent, quels sont les pays susceptibles d'accompagner les traditionnels mondialistes ?
Le Maroc nous a fait rêver, ce n’est pas parce que je suis Burkinabè, mais il faudra compter avec le Burkina Faso, c’est une équipe qui a été beaucoup rajeunie, et la dynamique dans laquelle se trouve le Burkina, montre que dorénavant il faudra compter avec lui. Les gens seront étonnés, mais il faudra compter avec la Mauritanie, ceux-là qui suivent comment le football se construit, attention, il faut se méfier de l’équipe mauritanienne, parce que je sais qu’il y a un travail qui est en train d’être fait, déjà c’est un pays qui a déjà surpris plus d’un, et elle va continuer à surprendre, dans cette même lancée, les gens seront ébahis, mais je le dis, l’Ethiopie peut surprendre, je l’ai vu jouer, et comparativement à la Can 2019, elle a de jeunes joueurs qui ont donné du fil à retordre à certaines grandes nations. Pour compléter, il faudra compter avec le Mali, pour des raisons politiques qui affectent la sélection, n’a pas pu dérouler ses capacités, quand vous regardez dans les clubs européens, vous allez voir de jeunes maliens qui émergent, le Mali peut aussi bousculer les traditionnels mondialistes, comme le Cameroun, le plus capé avec huit participations, suivent le Maroc et le Nigeria six chacun, la Tunisie cinq, Algérie et Ghana quatre chacun, Côte d’Ivoire, Egypte, Sénégal, Afrique du sud trois chacun. Voilà des pays que les gens ne voient pas venir, mais je pense que ces pays là, il faudra compter avec eux, parce qu’un travail est en train d’être fait à la base, la dernière Can nous a montré que attention, ce n’est plus sur papier, mais c’est du concret sur le terrain, les équipes se valent, ça se joue sur des détails.

Au cours de ce mondial, la VAR n'a pas fait l'unanimité dans certains matchs, il y a plein d'exemples que l'on ne peut pas tout citer, finalement, la VAR censée aider l’arbitrage, serait-elle devenue en elle-même un problème, votre commentaire ?
Les gens pensaient que la VAR était venue pour tout régler, mais quand vous connaissez l’arbitrage de la VAR, vous comprendrez que, il y a toujours des appréciations qui sont laissées à l’humain qui est l’arbitre, et à ce titre il y aura des actions, où il y aura toujours des interprétations diverses, parce que la VAR c’est sur des situations flagrantes, une action de but litigieuse, une action qui occasionne un carton rouge, il faut apprécier, le reste c’est l’arbitre qui décide. En effet il y a des situations, où les gens s’attendent à ce que la VAR revienne là-dessus, et elle n’est pas revenue pour déterminer s’il y a irrégularité ou pas, et là ça laisse beaucoup d’interprétations, et selon ma modeste personne en tant que technicien, c’est à ce niveau que la VAR doit revoir, sinon il y aura toujours polémique, du moment que l’appréciation est laissée à l’humain. Vous voyez quand l’action est litigieuse, on interpelle l’arbitre, et ce n’est pas sur place qu’il prend une décision, il s’en va voir, avant de revenir prendre sa décision, ce que l’arbitre a vu et ce que nous spectateurs avons vu peut ne pas être la même chose, toujours est-il qu’eux sont des spécialistes, les spectateurs apprécient dans le tas, donc on peut dire que les gens peut-être que c’est à tord ou à raison, mais je pense que la VAR ne pourra pas résoudre toutes les polémiques autour de l’arbitrage, puisqu’il y aura toujours une interprétation de l’homme qui intervient, donc il y aura toujours polémique.

Propos recueillis par Barthélemy KABORE

(Correspondant Burkina-Faso)

Site Jipsportsbenin.com,  Date de la 1ère Publication : Mardi 17 Janvier 2023 (10h51mn)

 

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