La
coupe du monde de la FIFA Qatar
22ème édition, a refermé ses
portes depuis le 18 décembre
2022 avec le sacre de
l'Argentine, l'heure est
maintenant aux enseignements.
Quelle appréciation(s)
faites-vous de la participation
des pays africains ?
Si je
devais tirer un bilan de la
participation des pays africains
à cette coupe du monde qui a
d’ailleurs été extraordinaire,
le président de la Fifa, Gianni
Infantino l’a du reste reconnu,
il a dit que c’était l’une des
meilleures coupes du monde que
les gens ont vécue. En ce qui
concerne l’Afrique, je dirai que
c’est une participation
honorable, même si l’Afrique
pouvait faire mieux. Mais au vu
de la place historique du Maroc
qui pour la première fois fait
que l’Afrique a atteint les
demi- finales, on peut dire que
le continent a été honorablement
représenté. Parmi les cinq
représentants, on attendait le
Cameroun et le Sénégal en
quarts, mais les Sénégalais au
regard des blessures de quelques
joueurs stars, avant
l’entame(cas de Sadio Mané) même
de la compétition, et pendant le
tournoi, l’on savait qu’il
partait diminué en huitièmes
face aux « Three Lions »
d’Angleterre qui n’est pas une
petite équipe. Par contre pour
le Ghana, c’est une déception
parce qu’il s’est fait éliminer
au premier tour face à des
adversaires qui étaient à sa
portée. Le Cameroun quant à lui,
a fait une mauvaise entrée,
sinon il pouvait se qualifier
pour les huitièmes et voire
aller encore loin. Néanmoins un
exploit face au Brésil, le
Cameroun a tenu la dragée haute,
avec un but de belle facture de
Vincent Aboubakar. Le Brésil
c’est le Brésil, il ne jouera
jamais contre un pays africain
pour se faire battre. La
victoire du Cameroun est donc
méritée. Mais si on doit établir
un pourcentage, parce qu’avec
cinq représentants, si on avait
eu trois équipes en quarts, la
performance africaine aurait été
vraiment formidable, dans
l’ensemble on dira que c’est
passable, mais qu’à cela ne
tienne, la place historique du
Maroc, a attiré l’attention des
autres continents que l’Afrique
est en train de travailler,
d’élever le niveau de son
football. Il ne faudra pas
penser que la performance du
Maroc c’est du hasard, c’est un
travail de fond, de longue
haleine, avec de gros
investissements du royaume
chérifien au niveau local dans
les infrastructures, une bonne
organisation au niveau de la
formation des jeunes, les autres
pays doivent imiter le Maroc,
c’est ainsi que l’on pourra
élever le niveau d’ensemble du
football africain et faire rêver
encore plus l’Afrique. Une chose
que moi j’ai relevé à cette
coupe du monde au vu de la
physionomie des matchs des pays
africains est que non seulement,
il faut avoir un onze entrant de
qualité, et aussi un banc de
touche riche, c’est d’ailleurs
ce qui a handicapé le Maroc en
demi-finale. Je vous assure que
si le Maroc avait un effectif
bien étoffé, il pouvait jouer
cette finale. Vous avez vu le
milieu défensif Sofyan Amrabat
(dossard 4), bien que très
diminué physiquement à cause des
blessures, a forcé pour jouer la
demi-finale, mais au bout de
quinze minutes, le coach a dû le
remplacer, et ce n’est pas le
seul cas, sinon le Maroc pouvait
jouer la finale, et pourquoi pas
la remporter. Autres
enseignements, ce que je retiens
également, pour une première
fois, les sélectionneurs
africains étaient tous des
locaux, c’est un point positif,
il faut aussi valoriser
l’expertise locale.
La Fifa a lors de la coupe du
monde, procédé au changement des
quotas, l'Afrique aura désormais
neuf représentants. Cette
augmentation va-t-elle influer
sur les performances des pays
africains ?
Oui et
non, si l’Afrique continue à
travailler, sil elle se fait
vraiment représenter par les
meilleurs, parce que ce n’est
pas le nombre qui fait la
performance, c’est deux choses
différentes, on ne peut pas dire
que c’est parce que c’est neuf
qu’automatiquement à la
prochaine coupe du monde, elle
va rééditer cette performance
des demi-finales. Il faut
continuer à bien s’organiser, et
être stable car en Afrique,
c’est un problème, il faut
parler de stabilité pour les
grandes performances. C’est vrai
le coach du Maroc Walid Regragui
à pris l’équipe à trois mois de
la coupe du monde, en
remplacement de Vahid
Hallilodzic qui avait du reste
qualifié l’équipe, mais qui été
limogé pour des divergences de
sélection des joueurs, pour
faire venir un local qui
connaissait mieux le groupe. Et
ce dernier a pris ses
responsabilités en faisant
revenir en sélection des
éléments qui étaient entre
griffes bannis (cas de Hakim
Zyech (dossard 7) de la
sélection par son prédécesseur.
Je le répète, oui avec neuf,
voire dix, puisqu’il va rester
deux places à compléter aux 46
pour faire 48, à l’issue des
barrages avec les cinq autres
confédérations, excepté l’UEFA,
l’Afrique aura beaucoup de
chance, mais qu’elle sache que
ce n’est pas le nombre qui fait
la performance.
Déjà les discussions vont bon
train sur la formule des
éliminatoires pour choisir ces
neuf représentants, selon vous
quelle pourrait être cette
formule ?
Selon moi,
la formule de zone ne sied pas,
parce que quand on organise des
éliminatoires par zones, vous
avez qu’il certaines qui
regorgent de très bonnes
équipes, comparativement à
d’autres zones, en ce sens que
les neuf qui seront retenus ne
représentent pas l’Afrique en
terme de qualité. Pour la
formule idéale, il faudrait que
les techniciens de la Caf
réfléchissent beaucoup, il faut
vraiment trouver la formule qui
pourra vraiment qualifier les
meilleurs pour représenter le
continent. Je n’ai pas une
formule magique à proposer, mais
ce dont je suis convaincu, la
formule de zones, il faudra
l’éviter.
... Si le Maroc avait un
effectif bien étoffé,
il pouvait jouer la finale,
voire même la gagner.
Selon vous au vu de
l’évolution du football sur le
continent, quels sont les pays
susceptibles d'accompagner les
traditionnels mondialistes ?
Le Maroc
nous a fait rêver, ce n’est pas
parce que je suis Burkinabè,
mais il faudra compter avec le
Burkina Faso, c’est une équipe
qui a été beaucoup rajeunie, et
la dynamique dans laquelle se
trouve le Burkina, montre que
dorénavant il faudra compter
avec lui. Les gens seront
étonnés, mais il faudra compter
avec la Mauritanie, ceux-là qui
suivent comment le football se
construit, attention, il faut se
méfier de l’équipe
mauritanienne, parce que je sais
qu’il y a un travail qui est en
train d’être fait, déjà c’est un
pays qui a déjà surpris plus
d’un, et elle va continuer à
surprendre, dans cette même
lancée, les gens seront ébahis,
mais je le dis, l’Ethiopie peut
surprendre, je l’ai vu jouer, et
comparativement à la Can 2019,
elle a de jeunes joueurs qui ont
donné du fil à retordre à
certaines grandes nations. Pour
compléter, il faudra compter
avec le Mali, pour des raisons
politiques qui affectent la
sélection, n’a pas pu dérouler
ses capacités, quand vous
regardez dans les clubs
européens, vous allez voir de
jeunes maliens qui émergent, le
Mali peut aussi bousculer les
traditionnels mondialistes,
comme le Cameroun, le plus capé
avec huit participations,
suivent le Maroc et le Nigeria
six chacun, la Tunisie cinq,
Algérie et Ghana quatre chacun,
Côte d’Ivoire, Egypte, Sénégal,
Afrique du sud trois chacun.
Voilà des pays que les gens ne
voient pas venir, mais je pense
que ces pays là, il faudra
compter avec eux, parce qu’un
travail est en train d’être fait
à la base, la dernière Can nous
a montré que attention, ce n’est
plus sur papier, mais c’est du
concret sur le terrain, les
équipes se valent, ça se joue
sur des détails.
Au cours de ce mondial, la
VAR n'a pas fait l'unanimité
dans certains matchs, il y a
plein d'exemples que l'on ne
peut pas tout citer, finalement,
la VAR censée aider l’arbitrage,
serait-elle devenue en elle-même
un problème, votre commentaire ?
Les gens
pensaient que la VAR était venue
pour tout régler, mais quand
vous connaissez l’arbitrage de
la VAR, vous comprendrez que, il
y a toujours des appréciations
qui sont laissées à l’humain qui
est l’arbitre, et à ce titre il
y aura des actions, où il y aura
toujours des interprétations
diverses, parce que la VAR c’est
sur des situations flagrantes,
une action de but litigieuse,
une action qui occasionne un
carton rouge, il faut apprécier,
le reste c’est l’arbitre qui
décide. En effet il y a des
situations, où les gens
s’attendent à ce que la VAR
revienne là-dessus, et elle
n’est pas revenue pour
déterminer s’il y a irrégularité
ou pas, et là ça laisse beaucoup
d’interprétations, et selon ma
modeste personne en tant que
technicien, c’est à ce niveau
que la VAR doit revoir, sinon il
y aura toujours polémique, du
moment que l’appréciation est
laissée à l’humain. Vous voyez
quand l’action est litigieuse,
on interpelle l’arbitre, et ce
n’est pas sur place qu’il prend
une décision, il s’en va voir,
avant de revenir prendre sa
décision, ce que l’arbitre a vu
et ce que nous spectateurs avons
vu peut ne pas être la même
chose, toujours est-il qu’eux
sont des spécialistes, les
spectateurs apprécient dans le
tas, donc on peut dire que les
gens peut-être que c’est à tord
ou à raison, mais je pense que
la VAR ne pourra pas résoudre
toutes les polémiques autour de
l’arbitrage, puisqu’il y aura
toujours une interprétation de
l’homme qui intervient, donc il
y aura toujours polémique.
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