Né à Abéché au Tchad le 18
décembre 1951 alors encore
colonie française et où son père
militaire d'origine sénégalaise,
compagnon de la Libération,
porte drapeau des Forces
françaises libres et gaulliste,
était responsable du garage de
l'armée française à Fort-Lamy
(aujourd'hui N'Djamena), Pape
Diouf à six mois revient au
Sénégal , pays de sa famille
d'ethnie sérère et de confession
musulmane avec ses parents. Il
vit chez son oncle Jean Paul,
par tradition africaine, à
Richard-Toll (le bastion sucrier
du Sénégal), puis en Mauritanie
où il effectue sa scolarité de
six à dix ans. Il réintègre
Dakar pour son entrée en CM1. Il
a passé ainsi deux ans au
collège Saint-Michel puis au
Sacré-Cœur, dans le même groupe
scolaire catholique. À l'âge de
17 ans, son père décide de
l'envoyer à Marseille à la fin
de sa seconde pour y passer son
baccalauréat.
A l'âge de 18 ans, Pape Diouf
débarque à Marseille, avec pour
injonction paternelle de devenir
militaire comme son père qui
s'est battu pour la France
pendant la Seconde Guerre
mondiale. Mais il ne l'entend
pas de cette oreille, et décide
de vivre selon ses choix.
Parallèlement à ses études à
l'Institut d'études politiques
d'Aix-en-Provence, il entre
finalement aux PTT. Il abandonne
alors ses études. Il y rencontre
Tony Salvatori, multiple
champion de France et
international de chasse
sous-marine, employé comme lui
des Postes, qui le fera entrer
comme pigiste au journal
communiste La Marseillaise. Peu
de temps après, il est embauché
à temps plein, avec pour mission
de « couvrir » l'actualité de
l'Olympique de Marseille. Douze
ans après son entrée au journal,
il rejoint le quotidien national
sportif Le Sport, lancé par
Xavier Couture. Mais l'aventure
tourne court car le quotidien
dépose le bilan.
À la suite de cette déconvenue,
Pape Diouf organise des jubilés
de joueurs en Afrique (Saar
Boubacar, Eusebio). De là lui
vient l'idée de devenir agent de
joueurs. Ses premiers joueurs
sous contrat sont Basile Boli et
Joseph-Antoine Bell, tous deux
évoluant à l'Olympique de
Marseille. Plus tard, il aura
pour clients Marcel Desailly,
Jean-Michel Ferri, Grégory
Coupet, Sylvain Armand, Laurent
Robert, Roger Boli, Abedi Pelé,
Marc-Vivien Foé, Frédéric
Kanouté, Noureddine Naybet,
Didier Drogba, William Gallas ou
Samir Nasri (depuis l'âge de 13
ans).
En 2004, Pape Diouf rejoint
l'Olympique de Marseille comme
manager général du club, chargé
des affaires sportives. Après le
départ de Christophe Bouchet à
l'automne 2004, il est nommé
président du directoire de
l'Olympique de Marseille par le
conseil de surveillance du club,
au sein d'un triumvirat composé
également de Vivian Corzani pour
l'administratif et de Philippe
Meurice pour les finances. En
2005, il devient président de
l'Olympique de Marseille sous
l'influence de l'actionnaire
majoritaire, Robert
Louis-Dreyfus.
En 2006, il est à l'origine
d'une décision controversée
d'aligner une équipe bis de
l'Olympique de Marseille face au
Paris SG pour le compte de la
30ème journée de championnat de
Ligue 1. Il avait en effet
refusé d'envoyer l'équipe des
titulaires, arguant du
non-respect par les services de
sécurité du PSG des normes de
sécurité concernant l'accueil
des supporters marseillais au
Parc des Princes. Cette décision
lui a attiré les foudres d'une
partie du public français, de la
Ligue de football professionnel
et du diffuseur exclusif du
championnat, Canal+ ; mais elle
lui a aussi permis de faire
l'union sacrée autour de lui
parmi les supporters olympiens.
Ce match se terminera par un
inattendu 0-0 au terme d'un
match fermé.
Sous sa présidence, l'Olympique
de Marseille progresse
régulièrement dans la hiérarchie
française (5ème en 2005-2006,
puis 2ème en 2006-2007, 3ème en
2007-2008, et 2ème en
2008-2009), en se qualifiant
très régulièrement en Ligue des
Champions. Il accède également
deux fois d'affilée à la finale
de la Coupe de France (perdues
en 2006 face au Paris
Saint-Germain et en 2007 face au
FC Sochaux-Montbéliard).
Enfin, il demeure à ce jour le
seul dirigeant noir d'un club
évoluant en première division
dans toute l'Europe. « Je
suis le seul président noir d'un
club en Europe. C'est un constat
pénible, à l'image de la société
européenne et, surtout,
française, qui exclut les
minorités ethniques. » Pape
Diouf livre un diagnostic
passablement désabusé sur
l'intégration à la française11.
En raison d'absences répétées au
conseil de surveillance de l'OM
ainsi que des conflits avec le
président de ce conseil, Vincent
Labrune, Robert Louis-Dreyfus
décide de se séparer de Pape
Diouf le 17 juin 2009 après plus
de quatre ans ans de présidence.
Il peut être considéré comme
l'un des acteurs majeurs du
renouveau de l'OM en cette fin
des années 2000 en ayant ramené
puis maintenu le club durant
trois années en Ligue des
Champions.
Feu Pape Diouf candidat à la
mairie de Marseille en 1994
Il est mis en examen en 2016
pour abus de biens sociaux et
association de malfaiteurs dans
une affaire liée aux transferts
de certains joueurs. Sa mise en
examen est annulée et il est
placé sous le statut de témoin
assisté en 2018.
A partir de 2010, il est aux
côtés de Jean-Pierre Foucault,
actionnaire de l’European
Communication School et de
l’Institut européen de
journalisme à Marseille. Dans
une interview en avril 2011 il
déclare ne pas spécialement
rejeter le milieu du football
malgré son éviction du club
olympien, et ajoute que le
football n'est pas plus pourri
que le milieu de la politique,
de la santé ou du cinéma. En
2012, il est nommé chevalier de
la Légion d'honneur par le
président François Hollande. Les
insignes lui sont remis par le
président de la République, le 9
octobre 2013, lors d'une
cérémonie collective.
Fin 2013, il est pressenti pour
conduire une liste lors des
élections municipales de 2014 à
Marseille. Courtisé par le PS et
EELV, il prend finalement la
tête de la liste « Changer la
donne » composée de membres du «
Sursaut », un collectif
comprenant des dissidents
écologistes et des associations,
et de personnalités issues de la
société civile. Dans ce cadre,
il réalise un clip, Changer la
donne, où il exprime ses idées
et son mécontentement vis-à-vis
de la situation politique et
sociale de Marseille. Ses listes
terminent à la cinquième
position (résultats globaux sur
Marseille), avec 5,63 % des
voix.
À partir de 2011, à la suite de
l'ouverture du marché des paris
en ligne en France, Pape Diouf
intervient aussi aux côtés de
Bernard Laporte et Claude
Droussent pour L'Officiel des
Paris en ligne (OPL) en tant
qu'expert sur les paris sportifs
pour le football, avec une
chronique sportive régulière sur
le sport et des pronostics sur
les matchs. C'est un connaisseur
du football.
Après avoir contracté la
Covid-1919, Pape Diouf est
hospitalisé à Dakar au Sénégal,
à l'hôpital Fann, spécialisé
dans les maladies infectieuses
et tropicales et placé sous
assistance respiratoire. Son
état se dégrade, empêchant son
transfert prévu par avion
sanitaire vers Nice. Il meurt le
soir du 31 mars 2020 à l'âge de
68 ans. Il est inhumé le
lendemain au cimetière musulman
de Yoff. |