Vous ne manquez de le dire
souvent, vous ambitionnez
contribuer au développement du
sport en Afrique. De quels
moyens disposez-vous pour
aboutir à cette fin, Diamil Faye
?
Par le travail soutenu et
régulier tous les jours. En
essayant de partager le maximum
possible le produit phare que
j’ai, en essayant aussi d’aider
nos dirigeants africains et tous
les gens qui tournent autour du
sport, y inclus les journalistes
à se mettre en réseau, parce que
le plus grand problème que nous
avons en Afrique est qu’on
travaille de façon isolé. Je
pense qu’il est important
aujourd’hui que nous commencions
à être dans un réseau de partage
et d’échange pour pouvoir
espérer avancer. Pour cela, il
faut s’armer de beaucoup de
patience et d’abnégation, être
dans une vision très claire et
essayer de partager cette
vision-là pour pouvoir faire du
sport africain et du sport en
général un outil de
développement.
Comment se porte le Guédiawaye
football club actuellement ?
Le club se porte pas mal mais
qui aurait pu mieux se comporter
si peut-être il était plus
rigoureux sur certains aspects.
Mais, lorsque j’ai pris ce club,
il y a 4 ans, c’était un club
qui était en faillite et relégué
en division amateur. Nous avons
pris ce club il y a 4 ans en
nous disant que nous allons en
faire le meilleur club du
Sénégal et gagner le premier
trophée (le club existe depuis
25 ans
et n’a jamais rien gagné). Au
bout de 2 ans, on a été relégué
en ligue 2 et comme par hasard,
la troisième, nous avons gagné
notre premier trophée national.
Nous avons gagné la Coupe de la
ligue et on est remonté en ligue
1. Donc, cette année, nous
sommes en train de nous préparer
pour jouer le championnat pour
pouvoir être champion du
Sénégal.
De quels moyens disposez-vous
pour espérer devenir champion du
Sénégal?
Guédiawaye, comme je vous l’ai
dit était un club en difficulté
au moment où nous l’avions pris.
Aujourd’hui, il y a une
administration qui est en place,
il y a des gens qui sont payés
et qui travaillent. Nous avons
un directeur, un intendant, un
financier, nous avons des
médecins, etc. Nous avons aussi
cette année, recruté un
entraineur sénégalais qui
travaillait en France. Nous
avons recruté son adjoint, aussi
un Sénégalais qui travaillait en
Espagne. Nous avons aussi
recruté l’ancien directeur
technique du Sénégal qui s’est
qualifié à la coupe du monde
2002. Et nous sommes en train de
faire un recrutement poste par
poste pour pouvoir monter une
bonne équipe.
C’est un travail de fond qui se
fait au niveau des petites
catégories. Et là, nous sommes
en train de mettre en place un
bon programme marketing pour
trouver des sponsors au-delà des
ressources que ma société met
déjà dans le club. La chance que
ce club a, c’est qu’aujourd’hui,
il y a une certaine stabilité
financière qui fait que c’est ma
société qui gère le club et qui
finance en attendant de trouver
des sponsors. Et on a réussi à
faire signer des contrats avec
des sponsors et cela est aussi
important.
Qu’est-ce que ces sponsors
apportent de façon concrète au
club ?
Je dirai avec l’expérience que
nous avons eue il y a 2 ans que
les sponsors maillot que nous
avons eu ont ramené à peu près
30% des ressources du club. Ce
n’était pas une mince affaire,
parce que la plupart des clubs
traditionnels que nous avons
trouvé sur place n’ont pas de
sponsors. Sachant qu’aujourd’hui
nous avons aussi développé les
revenus tirés de la billetterie,
parce que nous avons une
organisation très stricte le
jour des matchs pour pouvoir
avoir de l’argent. Quand
l’équipe tourne bien, nous avons
jusqu’à 1 million 500 mille
francs Cfa par match. Ce qui
n’est pas rien, même si ce n’est
pas énorme. Donc, nous essayons
quand même de mettre en place
des outils de marketing comme
cela. Par exemple, nous faisons
aussi la vente de maillots.
Chaque année, nous vendons des
maillots à 5000 francs fa et
nous essayons en moyenne d’en
vendre 500. C’est de petits
revenus, mais quand on les
additionne, sincèrement, cela
vient renforcer cette position
des sponsors qui nous aident un
peu.
Alors, comme vous venez de le
démontrer, vous faites avec
Guédiawaye football club,
l’expérience de l’économie du
sport, notamment du football.
Comment comptez-vous aider les
autres dirigeants de clubs, non
pas seulement au Sénégal, mais
au-delà de ses frontières, pour
qu’une économie puisse être
bâtie autour des activités
sportives ?
Moi, je suis un manager. Donc,
ce que je sais, j’essaye de
mettre au profit des
performances, de les identifier
et de les mettre en oeuvre. Et
la seule façon dont je peux
aider les autres clubs, c’est de
montrer d’abord des
performances, mais pas seulement
sportives, elle est
administrative, elle est
financière, elle est aussi même
sociale. Donc, c’est en devenant
un modèle, c’est-à-dire, une
équipe qui gagne sur le terrain,
c’est en devenant un modèle
financier, je veux dire un club
qui arrive à équilibrer ses
comptes, c’est à partir de ce
moment-là qu’on commencera par
être une référence et peut-être
servir de modèle aux autres
clubs. Ça c’est mon objectif à
moyen et long termes et sur
lesquels nous espérons
prospérer. Je pense
qu’aujourd’hui, même si sur le
plan sportif, nous ne sommes pas
encore reconnus comme une
référence au Sénégal, je pense
que sur le plan administratif et
sur le plan financier, nous
avons fait des avancées. Nous
sommes le seul club aujourd’hui
au Sénégal où tout se paie par
chèque ou par virement bancaire.
La liquidité ne circule plus, ou
circule pour de petite caisse de
30 mille francs pour de petites
dépenses qu’on ne peut pas payer
par chèque. Donc, ce sont des
avancées comme cela que nous
voulons mettre en place pour
être un club modèle et moderne.
En tant qu’équipementier, quel
commentaire faites-vous de cette
activité complémentaire au sport
?
Je pense que c’est une activité
nécessaire. Par le passé, les
délégations africaines étaient
les
moins bien habillées dans toutes
les compétitions internationales
et du monde, parce que les
grandes marques étaient trop
chères et inaccessibles et on
s’acoquine sur le marché.
Aujourd’hui, nous, nous offrons
non seulement de la qualité, qui
est la même que les grandes
marques (ceux qui à Nanjing ont
porté notre marque ce sont rendu
compte qu’ils n’ont rien à
envier à ceux qui ont une marque
de haut de gamme). Derrière
aussi, nous offrons la
proximité. C’est-à-dire que
quand un pays ou un comité
olympique national a besoin de
nous, ils savent où nous trouver
et nous pouvons réagir et agir.
Donc, nous pouvons les
accompagner. Et aussi dans la
collaboration, nous faisons des
choses personnalisées. Nous
avons par exemple habillé le
Ghana dans leurs couleurs, le
Burkina dans leurs couleurs, la
Côte d’Ivoire pareille. Je pense
que c’est la première démarche
pour donner confiance à
l’athlète. Il n’a plus de
complexe parce qu’il est mal
habillé par rapport à l’Européen
où l’Américain. Ça, c’est notre
contribution.
En mars prochain, vous organisez
la Convention
Internationale du Sport en
Afrique (CISA) en
Algérie. Avant de nous parler
des préparatifs de cette
rencontre continentale,
parlez-nous de la CISA, ainsi
que des raisons qui vous ont
motivé à prendre une telle
initiative, Diamil Faye ?
Il y a quelques années, avant
que je ne rentre au Sénégal,
quand je travaille aux Jeux
olympiques, j’ai été souvent
invité à des conférences, soit
en tant que participant simple,
soit en tant qu’intervenant.
Mais à chaque fois que je rentre
dans ces conférences, je me
rendais compte qu’il y avait un
réseau extraordinaire, et je
rentrais pratiquement avec une
centaine de cartes de visites.
L’autre chose aussi, je me
rendais aussi compte de
l’absence d’Africains dans ces
conférences. Je me suis dit
alors, si eux, qui sont dans les
pays développés, ont besoin de
se mettre en réseau pour
discuter et d’échanger, mais,
pourquoi pas nous ? Et c’est là
que m’est venue l’idée de créer
une Conférence africaine pour le
sport qui maintenant va fêter
ses 10 ans en Algérie l’année
prochaine. Cette conférence
contribue au débat sur
l’amélioration des conditions du
sport et sa pratique en Afrique.
Parlez-nous alors des
préparatifs pour fêter les 10
ans de la CISA?
En accord avec le comité
olympique algérien, nous voulons
faire une grande manifestation.
Et comme nous le faisons, nous
allons organiser un séminaire
pour les journalistes sportifs,
un aussi pour les athlètes.
Cette année, l’innovation est
que nous allons faire une grande
manifestation dans la rue avec
des enfants et des champions
africains. Pour le moment, nous
sommes en train de préparer et
je crois que d’ici le 25
novembre, nous allons fixer les
dates et faire vraiment une
grande fête à laquelle nous
convions les acteurs du
développement du sport en
Afrique.
Quelles sont les difficultés
auxquelles vous êtes confronté
dans l’organisation de la CISA
chaque année ?
Les difficultés sont d’ordre
financier, parce qu’il y a
beaucoup d’Africains qui
souhaitent participer, mais
n’ont pas les moyens soit de
payer le billet d’avion, soit de
s’héberger. Donc,
je crois qu’aujourd’hui, sur le
plan institutionnel, on aimerait
avoir beaucoup plus de supports
financier et moral. Nous
attendons beaucoup de soutiens
des États, mais aussi, nous nous
devons nous aussi, d’aller faire
une offre beaucoup plus solide
aux partenaires commerciaux pour
qu’ils viennent s’associer à
cette démarche de
rentabilisation du sport. CISA
est en plein dans
l’économie du sport. Nous
occupons quand même une centaine
de chambres d’hôtel, il y a du
transport interne, il y a aussi
la restauration, donc, je crois
que c’est important pour qu’il y
ait une vraie économie du sport
en Afrique.
Nous sommes à un an des Jeux
olympiques de Rio. Comment
comptez-vous aborder cette
échéance?
Je ne suis plus impliqué dans
l’organisation, donc l’échéance
de Rio pour nous, c’est un
objectif principal, c’est
d’habiller plus de 50% des pays
africains. Le plus grand nombre
de pays que nous avons habillé
jusqu’à présent c’est 18. Il
faudrait qu’on arrive à un
minimum de 27 pays habillés pour
montrer notre ancrage en
Afrique. Nous avons aussi comme
cible d’habiller 5 pays en
dehors de l’Afrique pour montrer
que nous sommes non seulement
une marque africaine, mais une
marque qui peut s’exporter au
niveau international également.
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