Il y a environ deux semaines, la
fédération béninoise de la lutte
a organisé une série de
formations. Que peut-on retenir
du bilan de cette formation ?
C’était pour la toute première
dans l’histoire sportive du
Bénin, qu’une formation des
entraîneurs de niveau 1 de la
lutte olympique, a été
organisée. Sur le plan des
ressources humaines, le Bénin
dispose désormais de 17
entraîneurs dont 15 sont sur le
territoire national et deux (une
femme et un homme) résident en
Côte d’Ivoire, grâce au CNOSB en
collaboration avec la solidarité
olympique. Les arbitres et les
juges ont aussi bénéficié d’une
formation grâce à l’appui du
Fonds national de développement
des activités de jeunesse, des
sports et loisirs (FNDAJSL), du
26 au 30 octobre.
C'est la première fois qu'une
telle formation a eu lieu au
Bénin. Pourquoi avoir attendu
tout ce temps ?
Je vais être direct. Nous sommes
dans un pays où tout le monde
dit que la lutte c’est un sport
traditionnel, ça fait partie de
notre culture. Malheureusement,
ceux qui ont été les premiers
responsables de la lutte au
Bénin, sont restés passéistes.
Ils sont fondamentalement
revêtus aux changements. Ils ne
veulent pas du tout qu’on parle
d’autres choses que de la lutte
traditionnelle, de la lutte
africaine. Et malgré tout ce qui
leur est dit, ils n’ont pas
voulu démordre. Il a failli
forcer pratiquement la main à
tous ces responsables pour que
le stage de formation dont nous
parlons, aujourd’hui, soit une
réalité.
Qu’entend-on par lutte
olympique ?
La lutte olympique regroupe les
luttes gréco-romaine, libre et
féminine. Tous les participants
sont repartis avec les
règlements de chacune de ses
trois styles de lutte pratiqués
aux jeux olympiques.
La lutte est une discipline de
préhension. Il n’y a pas de
coups donnés. La règle d’or de
sécurité en matière de lutte est
de « ne pas faire mal, ne pas se
faire, ne pas se laisser mal ».
Les attentes de la fédération
sont-elles comblées au terme de
la formation ?
Oui. Puisque les
17 entraineurs stagiaires dont
cinq femmes ont tous réussi aux
tests théorique et pratique
auxquels ils ont été soumis.
Comparaison n’est pas raison
certes, l’expert une semaine
plus tôt en Tunisie a enregistré
quatre échecs. Et si nous avons
fait du 100% au Bénin, nous
pouvons nous dire Bravo. Depuis
56 ans d’indépendance, on n’a
jamais parlé de lutte olympique
et surtout de femmes entraîneurs
de lutte au Bénin. On en a eu
cinq d’un seul trait. C’est
extraordinaire. Puis elles
faisaient partie des meilleures
de la promotion. Le second point
de satisfaction de ce stage de
formation est que les experts
ont mis la pratique au-dessus de
tout. Cela a permis à la
fédération de mettre à l’épreuve
certains athlètes de l’équipe
nationale. Annabel Laure Ali,
neuf fois championne d’Afrique
et 5ème aux JO Rio
2016, m’a fait cette
confidence : « les filles que
j’ai eues sous la main pendant
toute la semaine, constitue déjà
l’ossature de l’équipe nationale
du Bénin. Et il y a des chances
de médailles là si le travail se
poursuit ». Parmi les cinq
femmes, celle, qui réside en
Côte d’Ivoire, est une plus
avancée que toutes les
béninoises en matière de la
pratique de lutte olympique.
Elle est donc première sur la
liste que le bénin va présenter
au prochain championnat
d’Afrique en lutte féminine, au
Marrakech en mai 2017 et aux
jeux de la francophonie en Côte
d’Ivoire en juillet 2017. Déjà
le mois prochain, nous serons à
Abidjan pour une compétition pré
jeux de la Francophonie.
Quelle sera la suite qui va être
réservée à cette formation par
la fédération ?
Je vais d’abord clarifier
quelque chose. Quand on parle de
fédération au Bénin, on ne pense
qu’aux seuls membres élus du
comité exécutif. Non, c’est tout
le monde. La fédération, c’est
l’athlète lui-même, ce sont les
entraîneurs, les responsables
d’association, de ligues, etc.
Le comité exécutif vient de
donner la chance à 17 béninois
venus de toute l’étendue du
territoire national et de la
Côte d’Ivoire. Ces entraîneurs
formés sont missionnés pour
travailler avec les béninois
d’ici et de la diaspora
ivoirienne. Ils ont une mission
précise, essaimer, partager dans
leurs différentes localités ce
qu’ils ont appris au cours de la
formation. Ils doivent donc se
mettre au travail. Le comité
exécutif ne peut pas se mettre
derrière chacun d’eux. Tout est
déjà tracé. L’autre chose, le
Bénin n’existe pas au plan
international. Il faut que le
Bénin existe désormais à
l’international. On n’est même
pas affilié à la fédération
internationale, l’Union mondiale
de lutte (UWW, United world
wrestling). Pour que le Bénin
existe à l’international nous
devons commencer par payer nos
frais d’affiliation, les frais
de licence de nos lutteurs afin
qu’ils se retrouvent dans les
bases de données de l’UWW. Le
Bénin doit prendre part aux
grands rendez-vous continentaux
et mondiaux, à partir de l’année
prochaine.
Toute œuvre n’étant jamais
parfaite. Vous avez certainement
été confrontés à des
difficultés. Pouvez-vous nous
énumérer quelques-unes ?
Rire. La difficulté N°1, c’est
l’argent. Je ne souhaite pas
trop m’appesantir sur cela.
Cependant, nous avons besoin de
beaucoup de moyens financiers
pour payer l’affiliation (200
francs suisse soit 150000 FCFA
environ) et les frais de licence
de nos athlètes.
Il n’y a jamais eu de
championnat national de lutte
olympique au Bénin. Mais à
partir du moment où nous avons
pris la décision de participer
désormais aux compétitions
internationales, nous allons
organiser le championnat. Nous
allons tout mettre en œuvre pour
l’organiser au plus tard à la
fin du premier trimestre 2017.
Toutefois, nous pouvons le faire
le mois prochain si nous
disposons des moyens. Aussi, le
Bénin ne dispose pas d’un seul
tapis de lutte. Nous avons
jonglé pour avoir une aire de
lutte qui nous a permis de faire
la formation.
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