Bonjour mademoiselle Faridatou
Gbadamassi, pouvez-vous vous
présenter à nos lecteurs qui
vous découvrent ?
Je m’appelle Abikè Faridatou
Gbadamassi. Je suis athlète
lutteuse béninoise, catégorie
moins de 63 kg, résidant à
Abidjan. J’ai à mon actif
plusieurs titres de championne
de Côte d’Ivoire dont le
premier, qui remonte à 1999 en
moins de 40 kg face à un garçon.
Je suis également aide-soignante
de formation et je travaille
actuellement dans une clinique
privée d’Abidjan.
Qu’est-ce qui vous a poussé à
choisir de pratiquer la lutte ?
J’ai commencé la lutte toute
petite, à l’âge de sept ans. Je
n’ai pas choisi moi-même de
pratiquer la lutte comme
discipline sportive. C’est mon
père qui m’a inscrit dans un
club de lutte, dès le bas âge.
Mes premiers pas dans la lutte
étaient un peu difficiles. Car,
j’étais la seule fille à
pratiquer cette discipline dans
un groupe de garçons. Même lors
des compétitions, je
n’affrontais que ces derniers.
Mais au fur et à mesure que je
m’entrainais, j’ai pris gout à
cela. J’ai commencé à aimer la
lutte jusqu’à atteindre ce
niveau de pratique. Aujourd’hui,
je me sens très bien et je suis
à l’aise dans ma peau. Ma force,
ma combativité, mon endurance
proviennent de ces années d’entrainement
aux côtés des hommes.
A cette époque, comment a réagi
votre entourage en vous voyant
pratiquer une discipline «
réservée » aux hommes ?
Beaucoup de personnes voulaient
savoir pourquoi j’ai choisi la
lutte, une discipline « réservée
aux hommes », et non une autre
discipline. Et je leur répondais
: « c’est mon père qui m’a
inscrite dans un club de
lutte ».
Quelle discipline auriez-vous
choisir si votre père vous avait
donné la possibilité ?
Si je devrais choisir moi-même
une discipline sportive autre
que la lutte, j’aurais opté pour
le taekwondo.
Pourquoi…
J’aime le sport de combat. Là où
il y a d’engagement physique.
Quel est le secret de votre
réussite dans la lutte ?
Je n’ai pas de secret
particulier. C’est le travail,
seul le travail.
Vous êtes médaillée d’argent
dans la catégorie des 63 kg lors
du tournoi pré-jeux de la
Francophonie organisé à Abidjan.
Parlez-nous brièvement de votre
prestation dans cette
compétition ?
J’ai remporté la médaille
d’argent lors du tournoi
pré-jeux de la francophonie à
Abidjan, en janvier dernier.
J’ai perdu la finale contre une
congolaise. J’ai été surclassée
lors de cette compétition parce
qu’il n’y avait pas ma
catégorie. A l’entame de la
compétition, j’étais beaucoup
stressée. Mais tout a commencé à
aller bien après le premier
combat. C’était ma première
sortie internationale avec
l’équipe nationale du Bénin.
Avant d’atterrir au Bénin, votre
pays natal, vous étiez à
Abidjan. Dites-nous comment
s’est déroulé votre contact avec
la fédération béninoise de lutte
?
Cela s’est fait grâce à mon
entraîneur Prudence Houndékoun.
C’est lui qui m’a mis en contact
avec monsieur Fernando Hessou,
le secrétaire général de la
fédération béninoise de lutte.
Et je suis fière de défendre les
couleurs de mon pays d’origine
et d’hisser le drapeau béninois
plus haut lors des compétitions.
En octobre 2016, vous avez
obtenu un diplôme d’entraîneur
de niveau 1 de lutte olympique à
l’issue d’un stage organisé par
la fédération béninoise sous
l’égide de la solidarité
olympique. Dites-nous pourquoi
avoir choisi d’entraîner. Vous
préparez déjà votre
reconversion. Je comptabilise
déjà 20 ans de pratique de la
lutte. J’ai acquis beaucoup
d’expérience pour être un
entraîneur. C’est ce qui
justifie ma participation à ce
stage de formation, à Cotonou.
Faridatou Gbadamassi
avec son entraîneur Prudence
Houndékon
Revenons à la sélection
nationale de lutte du Bénin,
vous allez représenter le Bénin
au prochain championnat
d’Afrique, à Marrakech du 26 au
30 avril 2017. Comment vous
préparez cette compétition ?
Le championnat d’Afrique de
lutte de Marrakech, je le
prépare bien avec mon
entraîneur.
Que promettez-vous au public
sportif béninois ?
Je promets au peuple béninois de
revenir au pays avec la médaille
d’or.
Vous avez certainement de
soutiens pour votre préparation
à cette compétition.
Rien.
Seuls mes parents
m’accompagnent. Ce sont eux qui
m’encouragent avec mon
entraîneur.
En dehors du championnat
d’Afrique 2017, que prévoit
votre calendrier pour la suite
de la saison ?
Je vais prendre part aux jeux de
la francophonie du 20 au 30
juillet à Abidjan.
Selon votre entraîneur, le
maintien de son poids au niveau
de sa catégorie est le premier
combat de l’athlète. Alors,
comment vous procédez pour
maintenir votre forme physique ?
Je n’ai pas de méthode
particulière. Chaque matin au
réveil, je démarre ma journée
par un réveil musculaire et de
footing.
Connaissez-vous d’autres
béninois lutteurs, évoluant en
Côte d’Ivoire ?
Non. Je suis la seule avec mon
entraîneur. Avant d’être
entraîneur, il était aussi un
athlète béninois.
Vous êtes née à Abidjan où vous
avez fait toute votre classe
dans la lutte. Avez-vous été
contacté par les dirigeants de
la fédération ivoirienne pour
évoluer avec les Éléphants ?
Au début je travaillais avec la
Cote d’Ivoire et rien
n’avançait. Mais plus tard, j’ai
refusé à plusieurs reprises les
appels des dirigeants ivoiriens
pour défendre les couleurs de la
Cote d’Ivoire. Et quand les
responsables de la fédération
béninoise de lutte m’ont
contacté par le biais de
Fernando Hessou, je n’ai pas
hésité. J’ai décidé de revenir
défendre le drapeau de mon pays
d’origine. Et j’en suis très
fière.
Vous nourrissez certainement des
rêves ou des ambitions…
En dehors de la participation au
championnat d’Afrique à
Marrakech et aux jeux de la
francophonie, je rêve de
participer aux Jeux olympiques
de 2020, comme tout sportif. Je
vais donc redoubler l’effort,
travailler encore plus pour
gagner mon billet pour prendre
part aux JO Tokyo 2020. Et grâce
à Allah, qu’on puisse dire un
jour : une athlète originaire de
Sakété a remporté pour le compte
du Bénin sa première médaille
d’or aux Jeux Olympiques. Cela
me tient très à cœur.
Depuis votre prise de contact
avec la fédération béninoise de
lutte, c’est la deuxième fois
que vous rentrez au bercail.
Mais la première, en octobre
2016 fut très spéciale.
Racontez-nous un peu ce qui a
rendu ce retour aux sources si
particulier.
Je foulais non seulement pour la
première fois le sol de mon pays
d’origine, le Bénin, mais aussi
et surtout c’était l’occasion
des retrouvailles avec votre
mère. J’étais très émue, très
contente. J’ai eu beaucoup
d’émotions quand j’ai vu ma mère
pour la première fois. Et tout
ceci, c’est grâce à monsieur
Fernando Hessou.
Certains de vos proches estiment
que vous vous énervez très vite
et pour un rien du tout…
Pas pour un rien. Ça dépend de
ce qu’ils me font pour que je
m’énerve.
Vous avez sûrement un appel à
lancer aux décideurs du sport
béninois ?
Je tiens à remercier les
dirigeants pour tout ce qu’ils
font pour le sport béninois en
général et surtout pour la
lutte. Personnellement, j’ai
besoin seulement de leurs
encouragements. Ça me suffit.
Votre mot de fin pour conclure
cet entretien
Je tiens à remercier surtout
monsieur Hessou. C’est grâce à
lui que je suis revenue aux
sources, la terre de mes
ancêtres ; et j’ai renoué le
contact avec ma famille ici au
Bénin. C’est pour la deuxième
fois que j’y reviens en espace
de quelques mois. Je tiens à le
remercier pour tout ce qu’il
fait pour la lutte.
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QUESTIONS - VERITES |
Votre meilleur
souvenir
Ma première
médaille d’or
remportée en
moins de 40 kg
face à un garçon
lors des
championnats
nationaux de
Cote d’Ivoire,
en 1999.
Votre mauvais
souvenir
La finale perdue
contre la
congolaise lors
du tournoi
pré-jeux de la
francophonie, à
Abidjan, en
janvier dernier.
Plat préféré
Le riz avec la
sauce tomate.
Votre plus grand
rêve
Mon plus grand
rêve était de
rencontrer
Samuel Eto’o
(l’ancien
attaquant
vedette des
Lions
indomptables du
Cameroun,
NDLR). Ce que
j’ai pu réaliser
lors du Gala des
Champions.
J’étais très
contente.
Votre principale
qualité
Je suis de
nature calme.
La faute que
vous sanctionnez
la plus chez
l’Homme
L’hypocrisie.
Votre idole
Mon père.
Votre date
d’anniversaire
Le 16 septembre
1990
Que représente
pour vous la
lutte
La lutte occupe
une importante
place dans ma
vie, la
première. Tout
le reste vient
après.
Votre
passe-temps
favori
Écouter la
musique, toute
sorte. Zouglou,
coupé-décalé,
musique douce…
J’écoute aussi
la musique
béninoise, les
artistes comme
Zeynab Habib,
Dibi Dobo.
Votre couleur
préférée
J’aime deux
couleurs : le
blanc et le
noir. Ces
couleurs
opposées
incarnent ce que
je suis.
Votre animal
préféré
C’est
l’éléphant. |
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