Comment arrivez-vous à
travailler avec la lutteuse
béninoise Faridatou Gbadamassi,
en terre ivoirienne, pour les
joutes internationales?
La fédération ivoirienne nous
permet d’utiliser la salle d’entrainement,
et ceci grâce à monsieur Kouadio,
l’entraîneur national de la Cote
d’Ivoire. Ce dernier met tout à
notre disposition : le matériel
et tout ce qu’il faut. Mais
lorsque l’athlète finit de s’entrainer
parce que c’est le haut niveau,
il y a le coté alimentation.
L’athlète doit pouvoir manger,
récupérer. A ce niveau ça fait
défaut quelques fois.
De quoi est constitué le régime
alimentaire d’un lutteur ?
Comme tout bon sportif, il a une
alimentation bien variée. Il y
certains aliments qu’il ne doit
pas consommer. Il ne consomme
pas l’atchèkè, par exemple. Il
ne consomme pas tout ce qui est
gras parce qu’il faut suivre
d’abord ton poids qui est le
premier combat d’un athlète. Le
maintien de son poids au niveau
de sa catégorie est son premier
combat. Lorsque tu prends tout
ce qui est gras et tu passes en
catégorie supérieure, tu n’es
pas prêt. Donc, il faut
maintenir son poids, travailler
dans ce canevas là pour
maintenir sa forme physique.
Si l’athlète évite tout ce qui
est gras, il peut donc consommer
tous les autres aliments…
C’est à lui de contrôler son
poids. Et puis, il faut éviter
de consommer certaines choses
pour ne pas tomber dans le
dopage. Car, il y a certaines
substances quand tu prends, ça
ne quitte pas vite l’organisme.
Et tu peux donc tomber dans le
dopage.
Dans notre alimentation
ouest-africaine, pouvez-vous
nous citer quelques aliments
contenant ces substances dont
vous parlez ?
Je m’en excuse beaucoup, je ne
peux en citer faute d’avoir de
petits problèmes.
A quoi ressemble une journée de
travail avec votre athlète ?
Tous les matins, elle fait
d’abord 30 minutes de footing
obligatoire. Après elle récupère
juste quatre ou cinq minutes.
Ensuite, elle enchaine avec des
exercices d’abdos, de pompes,
des squats…
En dehors de cette préparation
physique, quelles sont les
autres phases ?
D’abord, il y a l’aspect
psycho-tactique,
psychotechnique. Puisque les
lundis, on travaille le coter
physique. Les mercredis sont
consacrés à la révision des
techniques et les corrections.
Les vendredis et samedis sont
réservés aux combats suivis de
l’arbitrage parce que tu ne peux
pas combattre sans un arbitre.
Donc, quand il y a des fautes,
des saisies irrégulières, on la
recadre en même temps et on la
met dans le bain. A force de
travailler, l’athlète sait toute
suite ce qu’il faut faire et ce
qu’il ne faut pas faire. C’est
pour vous dire que rien n’est
facile dans la vie, il n’y a que
le travail. Je pense qu’avec le
soutien de la fédération
béninoise de lutte, je dirai
d’abord merci à monsieur
Fernando Hessou qui ne ménage
aucun effort pour soutenir cette
athlète qui est Faridatou
Gbadamassi. Depuis qu’il l’a
découverte, il met pratiquement
tout pour qu’elle puisse revenir
au pays. C’est d’ailleurs grâce
à lui qu’elle a renoué avec sa
famille, ici, au Bénin. Elle a
connu sa mère, tout ça. C’était
vraiment émouvant. On tient à le
remercier beaucoup pour tout.
Prudence
Houndékon
(à gauche)
et son poulain
Faridatou Gbadamassi
Décrivez-nous brièvement la
personnalité de votre protégée ?
Elle est de nature calme mais
très impulsive. Elle s’énerve
très vite pour un rien.
Les dirigeants de la fédération
ivoirienne de lutte n’ont-ils
pas manifesté la volonté de la
récupérer au profit de leur
équipe nationale ?
Oui. Elle a refusé plusieurs
fois les avances de la Cote
d’Ivoire parce qu’elle est
béninoise. La preuve, devant le
directeur technique national de
la fédération béninoise de
lutte, venu à Abidjan en janvier
dernier, les dirigeants fédéraux
ivoiriens lui ont demandé de
laisser Faridatou tranquille.
Qu’ils voulaient bien qu’elle
lutte pour eux. Mais elle-même
leur a répondu non : « je suis
béninoise de père et de mère. Je
ne peux donc aucunement brader
ma nationalité. Et je suis fière
d’être béninoise ». Son souhait
le plus ardent c’est de lever le
flambeau pour le Bénin : le
drapeau et l’hymne national.
Est-ce que le Bénin a des
chances de se distinguer dans la
lutte au plan international
grâce à Faridatou ?
Je dirai oui. Mais le constat
qu’on fait au niveau des
athlètes ici, c’est qu’ils ne
sont pas encouragés. Tout
athlète qui est encouragé, qui a
tout à sa disposition pour le
travail, je pense que rien ne
peut l’empêcher d’aller loin. On
a toutes les chances avec elle.
Vous savez c’est une athlète qui
a commencé les compétitions
seulement avec des garçons. De
plus, elle n’a jamais travaillé
avec quelqu’un qui a le même
poids qu’elle. Elle a toujours
travaillé avec des personnes qui
sont plus lourdes qu’elle. Donc
nous sommes en train de faire en
sorte qu’en travaillant déjà
avec celles qui sont plus
lourdes qu’elle, elle puisse
revenir travailler dans sa
catégorie normale ; puis on
verra ce que ça va donner.
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