Votre élection apparaît
comme une surprise, et certains
ont même parlé de tsunami,
n’êtes-vous pas, vous-même
surpris ?
Je suis un président qui n’a pas
eu l’ambition de présider la
CAF. En aucun moment, je ne
pensais diriger la CAF. Mais par
la force des choses, à 4 mois
des élections, je me suis décidé
à m’engager, mais je ne vous
cache pas, je n’ai jamais douté
de mon élection depuis que j’ai
pris la décision de présenter ma
candidature, j’ai juste eu le
stress avant la proclamation des
résultats. Vous parlez de
surprise en étant à l’extérieur,
mais à l’intérieur, tout le
monde savait que le baobab (Issa
Hayatou, 7 mandats et 28 ans de
règne, ndlr) allait tomber.
Mais cette surprise
passée, d’aucuns appréhendent
votre capacité à relever les
défis, que leur répondezvous ?
Je rigole quand on me demande si
je serai à la hauteur. Du haut
de mes 57 ans, je ne suis pas un
novice, ni un parvenu dans le
football. De tous les présidents
qui m’ont précédé, personne ne
peut se targuer d’avoir mon CV
et mon niveau de connaissance du
football africain . J’ai Bac+6,
j’ai occupé de hautes fonctions
dans mon pays, j’ai été
président de fédération de
football, puis vice-président du
comité comité olympique, alors
qui mérite d’être président ? Je
demande à ce qu’on me laisse
travailler pour être jugé à la
fin de mon mandat.
Est-ce que les acteurs
sont au cœur des réformes
entreprises par la CAF ?
Nous avons pris l’engagement de
protéger nos professionnels
africains qui sont ailleurs, et
aujourd’hui quoi que les gens
disent, on est intransigeant sur
leur protection sur tous les
plans, que soit médical, ou sur
le plan des infrastructures
sportives, ou sur la sécurité
par rapport à nos Africains qui
reviennent chez nous pour
honorer la Coupe d’Afrique des
nations(CAN). Le relèvement du
cahier des charges va dans le
sens de protéger nos joueurs,
nous avons pris les décisions en
fonction de ce qui est bien pour
l’Afrique. Ces joueurs-là, ce
sont nos enfants, ce sont nos
frères, qui ramènent beaucoup
d’argent pour leurs familles en
Afrique, et font des
investissements, ils reviennent
en Afrique pour crédibiliser le
football africain pendant la
CAN, il ne serait donc pas
normal que nous posions des
actes et prenions des décisions,
qui ne vont dans le sens de
protéger leurs carrières. Les
nouvelles modifications sur la
période de la tenue de la CAN (juin-juillet
au lieu de janvier février
habituellement, ndlr) serviront
à protéger les joueurs qui sont
pour la plupart sous plusieurs
contraintes quand ils viennent
participer à cette grand-messe
du foot africain. Ainsi donc
ramener la compétition en juin
va faciliter la préparation de
ces derniers. Quant à
l’augmentation du nombre des
équipes qui passe de 16 à 24,
cela va conforter l’expression
grand-messe du foot africain
pour le grand bonheur de plus de
nations. On a aussi promis que
nous allons allouer maintenant
des subventions aux fédérations,
même si c’est symbolique pour la
première fois, il faut que nous
manifestions cela.
Le passage de 16 à 24 pays
pour la phase finale, 6 stades
dans 6 villes, impose de facto
de nouveaux cahiers de charges,
et il sera applicable à partir
de quelle CAN ?
Ce sera dès la prochaine CAN, si
nous tenons à relever le
standard des cahiers des
charges, c’est parce que la CAN,
ce n’est pas seulement les
stades, ce sont les aéroports et
les hôtels dans les villes
hôtes, si nous voulons exiger du
spectacle pour notre football,
il faut que nous créions les
conditions pour cela, le haut
niveau ne lésine pas sur les
détails.
Dans ces nouvelles
conditions, le Cameroun, pays
hôte de la prochaine CAN 2019,
sera-t-il à la hauteur ? et si
ce n’était pas le cas, qu’est-ce
qui va se passer ?
Une visite d’inspection composée
d’experts d’un cabinet d’audit
spécialisé se rendra au Cameroun
pour évaluer la situation. A
l’issue de cette visite, le
comité exécutif en tirera les
conclusions nécessaires. Au cas
où le Cameroun ne serait pas en
mesure d’organiser la CAN 2019,
il y aura une procédure d’appels
à candidatures, pour tous les
pays qui se proposeraient de
l’organiser. Vous savez, même
l’Europe qui est développée, ce
n’est pas tous les pays qui
peuvent organiser l’Euro, mais
pourquoi nous, nous n’allons pas
accepter que les pays qui sont
en avance économiquement, en
termes d’infrastructures,
puissent organiser la CAN.
Faites vos recherches, il y a 4
ou 5 pays qui sont développés,
et disposés à organiser la CAN,
sans construire de nouveaux
stades. Cela, ne nous fait pas
peur, on se dit que dans dix
ans, il y aura d’autres pays,
qui vont se développer pour
organiser la CAN. Donc il n’y a
pas de souci pour trouver un
pays organisateur, et à l’heure
actuelle, même pour une CAN à 4
équipes, le Cameroun n’est pas
prêt.
Il se murmure aussi que
des reconsidérations sont en vue
pour les attributions des
prochaines CAN, qu’en est-il au
juste ?
Pour ce qui est de la CAN 2021en
Côte d’Ivoire, il n’y a rien à
dire, car l’attribution a été
conforme à l’appel d’offres. Par
contre pour 2023 en
Guinée-Conakry, il n’y a pas eu
d’appel d’offres. Nous allons
aller au fond des choses, pour
voir si les procédures ont été
respectées, nous n’allons pas
donner l’organisation de nos
compétitions de gré à gré.
Une révolution au sein de
la CAF, est donc en marche,
comment comptez-vous redorer le
blason de l’institution ?
Je dois déjà remercier les
présidents des 34 fédérations
qui ont voté pour moi, car ils
ont osé voter pour le
changement, personne ne le
croyait, même vous, c’est déjà
un signal très fort. Ils ont
voté un président avec un
programme, c’est peut-être un
temps de grâce, mais nous vous
avons, vous les médias avec mon
équipe. Nous allons montrer que
nous respectons ce programme que
nous allons mettre en œuvre. Il
y a une cohérence d’idées que
l’on met en place, et lors du
symposium du Maroc, on a voulu
montrer la rupture. Je ne pense
pas qu’aujourd’hui, avec
l’organisation que nous avons
mise en place, on puisse dire
que le clientélisme a sa place,
elle répond à l’équilibre sur le
continent. Ce qui reste comme
grand chantier, c’est
l’administration, nous allons
lancer le recrutement d’un SG
par un appel à candidatures sur
le continent avec comme
préalables, la maîtrise du
français, de l’anglais et de
l’arabe. Nous allons aussi
revoir l’agrément entre le
gouvernement égyptien et la CAF,
il faut que notre institution
bénéficie du statu
d’extraterritorialité pour que
les enfants de l’Afrique
viennent et travaillent de façon
sereine au sein de la
confédération.
Quels sont vos rapports
avec l’ancien président Issa
Hayatou ?
Moi ce que j’essaie de faire
dans ma vie, c’est d’être en
harmonie avec ce que je dis, ce
n’est pas dire publiquement une
chose, et faire autrement après.
Ma religion et mon éducation ne
me permettent pas de faire cela.
C’est vrai que l’ancien
président a promis qu’il va
m’aider, mais je constate que
ses proches conseillers
m’attaquent dans la presse. Moi
si je vous promets de vous
aider, je vous appelle au
téléphone, et il ne m’a jamais
appelé.
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