Bonjour
monsieur Ndiaye, vous êtes le tout
nouveau président de la Fédération
Burkinabé de cricket et initiateur de la
pratique du jeu au Burkina. Et lorsqu’on
sait que votre élection qui n'a pas été
facile, vous voudrez bien nous faire la
genèse du lancement de la discipline ?
Moi
et mon groupe nous étions d’abord dans
le baseball. Mais, suite aux élections
de 2016 consacrées au renouvellement des
fédérations sportives, nous avons perdu.
Et dès le lendemain même, et de commun
accord avec tous les membres du bureau
qui sont avec moi, nous avons décidé de
lancer une nouvelle discipline sportive
à savoir le cricket. Nous avons cherché
à découvrir cette discipline, en faisant
appel au président de la Fédération
ivoirienne de cricket Mekrokro Dosso,
qui est un expert de la discipline. Il a
accepté venir à Ouagadougou, pour nous
faire une formation. Nous avons vraiment
débuté en février 2017, en présence de
consule honoraire de l’Inde au Burkina.
Vous savez le cricket est beaucoup
pratiqué par les Indiens, et le consul
de l’Inde a vraiment accepté de nous
accompagner. En outre, le président de
la Fédération ivoirienne nous a même
offert du matériel de base. Notons au
passage que déjà en 2016, plusieurs
clubs qui naquit ont été, les demandes
de récépissés des clubs étaient aussi
déjà déposées. Enfin, après Ouagadougou,
nous avons sillonné Bobo-Dioulasso,
Gaoua, Ouahigouya, et la vulgarisation
s’est faite au fur et à mesure.
Parlez nous un peu du cricket, comment
se pratique-t-il, et quelles sont ses
origines?
Le
cricket, comme son nom l’indique, veut
dire bâton, tabouret que l’on utilise au
niveau de l’église. Le cricket a été
inventé par les Anglais dans les années
1800. Mais l’historique même du cricket
remonte au XVIe siècle, il y a eu un
match de cricket entre la France et
l’Angleterre, c’est vraiment une vieille
discipline. Le cricket est pratiqué par
les pays du Commonwealth, l’Angleterre,
l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, le
Sri-Lanka, le Bangladesh, en Afrique, on
a l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, le
Nigeria, le Ghana. Mais entre-temps, des
pays francophones à l’instar de la Côte
d’Ivoire, le Mali, le Burkina Faso ont
commencé aussi à pratiquer le cricket.
Il faut aussi noter qu’en termes de
popularité, le cricket est le deuxième
sport le plus pratiqué au monde après le
football, soit 1,5 milliard d’adeptes.
Exemple, il y a eu un match de cricket
qui a opposé le Pakistan à l’Inde et a
une audience d’un milliard de
spectateurs, cela a même battu le record
des Jeux Olympiques. Le jeu est simple,
le cricket se joue sur un terrain ovale
avec une distance de 150m sur 135m, donc
plus grand qu’un terrain de football, au
milieu duquel il y a un rectangle, qu’on
appelle la zone du pitch, à l’extrémité
de ce rectangle, on place des guichets.
L’équipe est constituée de 11 joueurs,
une équipe offensive, une autre
défensive, au cricket on aime dire que
c’est une équipe de dix contre deux,
parce qu’il y a 11 joueurs qui sont sur
le terrain, et deux batteurs à côté des
guichets. Le rôle des batteurs, c’est de
marquer des points, lorsque le lanceur
lance la balle, le batteur la tape, et
quand les batteurs se déplacent, s’inter
changent entre les guichets, ils
marquent un point, si la balle rebondit
sur le terrain et sort, ça fait quatre
points, si le batteur tape la balle hors
du champ de jeu, ça fait six points.
Vous verrez que dans les matchs de
cricket, on marque beaucoup de points,
le batteur peut marquer 100 points en un
passage. Le rôle de l’équipe défensive,
c’est d’éliminer tous les batteurs,
lorsque tous les batteurs sont éliminés,
on permute les rôles, au cricket on
parle de « Over », un lanceur doit
lancer 6 balles et ça fait un Over.
Voilà pourquoi tous les joueurs qui sont
sur le terrain doivent savoir lancer,
c’est ainsi le principe du jeu, ce n’est
pas compliqué.
Les jeunes pratiquants de
cricket
Depuis son lancement jusqu’à nos jours,
entre formation, création de clubs, de
districts et de ligues,… Faites-nous le
point ?
Comme je l’ai déjà dit, nous avons déjà
créé les clubs. Et pour créer une ligue,
un district, il faut d’abord que la
fédération existe, il faut avoir les
récépissés d’existence des clubs. Ainsi,
après le lancement du cricket en 2017,
nous avons créé des clubs à Ouagadougou
pour pouvoir avoir la ligue : il s’agit
de Burkina cricket club, Phoenix
cricket, Zogona cricket club, Nionko
cricket club, Dragons cricket club, déjà
avec ces clubs là, on a commencé à
fonctionner à Ouagadougou. Ensuite, nous
avons mis le cap sur Bobo-Dioulasso, où
on y a créé deux clubs pour pouvoir
créer un district ; nous sommes
également partis aussi à Gaoua pour
créer un club, puis à Ouahigouya. Nous
sommes partis du principe que tous
ceux-là parmi nous qui pratiquent la
discipline, que dans leurs régions
d’origine la discipline soit lancée.
Quand on a bouclé les deux ans comme
l’exigent les textes du ministère des
Sports du Burkina Faso, nous sommes
allés demander la création de la ligue
du Centre au niveau de la Direction
régionale des sports, parce qu’il faut
forcément quatre clubs pour pouvoir
former la ligue. Des agents du ministère
des Sports sont passés pour vérifier
effectivement l’existence des clubs, et
ils nous ont donné le OK pour nous
constituer en ligue. C’est ainsi que
nous avons créé la ligue du centre de
cricket le 12 décembre 2020.
Simultanément nous avons enchaîné avec
Bobo-Dioulasso pour avoir le district
avec les deux clubs que nous avons
là-bas, la demande de création du
district a donc été déposée, et le
district à ce niveau a été créé le 22
décembre 2020. Maintenant que nous avons
le district, la ligue et les clubs, nous
nous sommes dit pourquoi ne pas nous
constituer en fédération, et c’est ainsi
nous avons déposé notre demande de
création de la fédération au ministère
des Sports. Nous avons suivi le dossier,
et c’est le 24 mars 2023 que l’annonce
de la création de la Fédération
burkinabè de cricket est intervenue.
Nous sommes contents que la fédération
ait pu voir le jour le 13 mai 2023.
Quelle catégorie de pratiquants
avez-vous ciblé, c'est des scolaires,
des jeunes de quartiers, y a-t-il des
filles?
Nous avons mis beaucoup l’accent sur les
filles, dès que nous avons lancé le
cricket. Ainsi, on s’est rapproché les
centres de formation pour les filles. Ce
qui n’a pas été facile. Et il fallu
passer par les centres de couture pour
parler du « cricket » que ces filles ont
découvert. Entre-temps, précisément en
2019, nous avons introduit des demandes
de lancement du cricket auprès de ces
centres, tels la CNSS (Caisse nationale
de sécurité sociale), le centre
Thevenoud, et puis cette année encore on
a eu quatre centres. Nous avons écrit au
ministère de l’Action sociale et du
Genre à cet effet. Actuellement nous
sommes dans six centres pour intéresser
les filles à la pratique du cricket.
Voilà ce qui est pour les filles.
Signalons que sommes encrés dans les
lycées et cette année, nous devons
lancer la discipline dans quatre lycées.
Il y a aussi quatre écoles primaires,
c’est par là même que nous avons
commencé. C’est la relève et on ne peut
pas pratiquer une discipline à long
terme, sans une éducation à la base.
Nous avons même organisé un championnat
des écoles primaires à l’issue duquel,
nous avons formé des enseignants du
primaire pour leur permettre de
connaître la disciple afin de mieux
encadrer leurs élèves. Nous projetons
maintenant la formation des professeurs
d’Education Physique et sportive (EPS)
des lycées et collèges. En outre, nous
avons initié aussi une formation pour
les journalistes sportifs. Une seconde
formation est même en vue, afin de leur
permettre de mieux connaître la
discipline, pour bien faire leurs
reportages et à rendre visible le
cricket. Je n’oublie pas les coachs des
clubs, les arbitres et les scoreurs.
C’est eux qui assurent les statistiques
au niveau des matchs. Nous avons
également organisé en 2021, un
championnat des clubs de la ligue du
Centre Ouaga. Mais comme c’était en
plein COVID-19 ; cela a aussi chamboulé
les activités. Maintenant avec la
fédération que nous venons de mettre en
place, ça va nous aider à mieux nous
organiser.
Comment la discipline a-t-elle été
accueillie ?
C’est une nouvelle discipline, les
jeunes l’ont accueilli avec
enthousiasme, parce que c’est la
découverte d’un nouveau sport. Quand
nous allons dans les écoles où nous
avons fait la présentation, les élèves
sont enthousiastes en criant cricket,
cricket. Au départ, les sens ne savaient
pas ce que c’est, maintenant ils
comprennent le jeu. Notre ambition est
que le cricket soit populaire au
Burkina, c’est un challenge pour nous.
Ibrahim
Ndiaye
Président de la Fédération
Burkinabé de cricket
Après
la mise en place du bureau exécutif,
avez-vous déjà un programme ?
Quand on met en place un bureau, il faut
forcément un programme, en management on
appelle ça le POC, c’est-à-dire
planifier, organiser et contrôler. Il
faut forcément ça. Et pour un bon
fonctionnement des disciplines, nous
allons donc travailler dans ce sens pour
vraiment vulgariser le cricket. Il y
aura un programme d’actions où nous
allons mettre l’accent sur la
vulgarisation, nous allons œuvrer à être
très actif sur le terrain, être parmi
les dix meilleures fédérations sportives
du Burkina, c’est un objectif que nous
devons atteindre ça veut dire beaucoup
de choses, qu’il y aura beaucoup
d’activités.
Les
infrastructures, les terrains de jeu et
le matériel constituent parfois des
soucis pour les clubs, qu'en est-il ?
C’est notre cheval de bataille, on ne
peut pas développer une discipline
sportive sans infrastructures. Dès que
nous avons commencé avec le cricket,
nous nous sommes dit, qu’est-ce qu’il
faut faire, il nous faut trouver des
infrastructures, c’est impératif, c’est
important pour une fédération. Nous
collaborons avec le club de football
Etoile filante de Ouagadougou(EFO), qui
a un terrain qu’il a pratiquement
abandonné. Nous avons pris contact avec
les responsables dudit club et sollicité
un aménagement de la pelouse pour les
entraînements de cricket. Ils nous ont
donné leur accord, d’où naquit un
partenariat avec eux. Je les remercie
tous au passage, car ils ont été
vraiment fair-play et compréhensifs.
Nous allons désormais nous entraîner sur
ce terrain que l’EFO nous a concédé,
sans oublier nos championnats qui vont
se jouer là-bas. Nous avons aussi repéré
un terrain très bien situé dans le
quartier Nagrinp* un club de cricket
(Bonheur-Ville) s’entraîne. Ils ont
aménagé l’espace parce que c’était
devenu un dépotoir. En 2018, nous avons
eu une réunion avec la Direction
régionale du centre des sports, puisque
les ligues peuvent solliciter des
terrains et nous avons donc fait une
demande de terrain. Nous sommes même
allés le visiter et nous avons rencontré
deux institutions : le ministère des
Sports et le Fonds national pour la
promotion du sport, qui ont fait une
étude pour exploiter le terrain, qui
fait trois hectares. La Direction
régionale nous a suggéré d’aller au
ministère pour voir comment on pourra
exploiter ensemble le terrain. Mais si
cela s’avère compliqué, nous irons à la
Direction du cadastre pour demander un
autre terrain, parce qu’il nous faut un
terrain propre au cricket. Je remercie
vraiment la Fédération ivoirienne de
cricket qui nous a déjà donné du
matériel, bien que nous-mêmes, nous
envisageons de fabriquer nos matériels
localement, en se servant du modèle des
battes. Mais en attendant, si même, nous
jouons avec les balles de tennis, nous
avons négocié avec la fondation « Africa
sport development foundation », du
matériel en Inde. Dieu merci, le
matériel est déjà là, et c’est du
matériel authentique de cricket. Avec ce
matériel on pourra même lancer 25 clubs
et ces derniers vont être dotés
d’équipements. Ainsi, on pourra jouer le
cricket des séniors.
Après la création de la fédération, nous
allons demander une affiliation à la
fédération internationale, mais c’est
tout un processus. La fédération
internationale doit d’abord venir
contrôler si les clubs existent vraiment
et si nous jouons avec les vraies balles
dures de cricket. Nous allons nous
préparer pour accueillir la fédération
internationale. |