Huitième d’une fratrie de dix
enfants, cinq filles et cinq
garçons, elle perd son père,
Raphaël, très tôt et ne peut
compter que sur sa mère, Idani
Thérèse, pour subvenir aux
besoins de la famille. De langue
maternelle byali, elle parle
également le dendi, le waama, le
français et se débrouille en
fon. Elle obtient un CEP
(Certificat d'études primaires)
en 2000, puis, à la fin de ses
études secondaires à
l'Université de Parakou, elle
s’engage en 2009 dans l'Armée de
l'Air béninoise au sein de
laquelle elle est moniteur de
sport avec le grade de caporal.
En décembre 2005, elle participe
aux Jeux de la Francophonie à
Niamey, et termine 6ème du 800
m. L'année suivante, elle est
double vice-championne du Bénin,
sur 800 m et 1 500 m. En juillet
2007, elle participe aux Jeux
africains d'Alger sur 800 m,
mais ne passe pas le cap des
séries (2 min 13 s 29). En 2009,
elle entre dans l'armée et
décide de s'entraîner toute
seule. Elle se rend en juin 2012
aux Championnats d’Afrique de
Porto-Novo, dans son pays, mais
ne se qualifie par pour les
demi-finales, malgré un nouveau
record personnel en 2 min 06 s
72. Lors de cette compétition,
elle est découverte par son
entraîneur actuel, Claude
Guillaume : « Il a proposé de me
prendre en charge parce que
depuis mon entrée dans l’armée
je m’entraînais toute seule.
J’ai tout de suite saisi
l’opportunité parce que j’avais
envie de devenir une grande
athlète comme les Kényanes, les
Américaines, etc. ».
Elle intègre alors le Centre
d’entrainement et d’éducation en
athlétisme (CEC) et s’entraîne
avec le club Running 41 de
Blois. En parallèle, ses
supérieurs hiérarchiques à
l'armée la détachent auprès du
ministère des Sports et des
Loisirs du Bénin afin qu’elle
puisse se consacrer aux
entraînements. Sous la direction
de son entraîneur, Noélie Yarigo
progresse rapidement, son record
de 2 min 06 s 72 en 2012 passe à
2 min 00 s 51 en 2014, nouveau
record national du Bénin. Cette
année-là, elle remporte le
championnat de France en salle à
Bordeaux, devant Rénelle Lamote
puis termine au pied du podium
des championnats de France en
plein air à Reims. En août, elle
atteint la finale des
championnats d'Afrique à
Marrakech et se place 5ème en 2
min 01 s 64, derrière un triplé
kenyan mené par Eunice Sum, et
l'Éthiopienne Tigist Assefa,
4ème.
En février 2015, elle est battue
par Rénelle Lamote aux
championnats de France en salle
à Aubière. Le 10 juin, elle fait
ses débuts en Ligue de diamant,
à l'occasion du New York Grand
Prix, terminant 10ème de la
course en 2 min 0 s 97, son
meilleur temps de la saison. Le
9 juillet, elle est alignée à
l'Athletissima de Lausanne et se
classe 5ème. En août, elle
participe aux championnats du
monde de Pékin, et est la
première Béninoise à y concourir
depuis Fabienne Feraez sur 200 m
en 2005 : dans la capitale
chinoise, Noélie Yarigo échoue à
se qualifier pour les
demi-finales, terminant 6ème de
sa série en 2 min 02 s 48. En
2016, elle termine 6ème des
championnats d'Afrique en
Afrique du Sud. Puis, aux Jeux
olympiques de Rio de Janeiro, en
août, elle réalise un temps de 1
min 59 s 12 en série du 800 m,
puis 1 min 59 s 78 un peu moins
de 36 heures plus tard. Elle
termine cinquième en
demi-finale, treizième au total.
Son temps en série la situe
juste derrière les quatre
meilleures Françaises de tous
les temps sur le 800 m. Lors du
meeting de Joué-lès-Tours en
septembre, Noélie Yarigo établit
un nouveau record du Bénin du 1
000 m féminin en 2 min 43 s 04.
Elle clôt sa saison par une
victoire au DécaNation8 en 2 min
3 s 80 devant l’Ukrainienne
Nataliya Lupu (2 min 3 s 98) et
l’Américaine Katie Mackey (2 min
4 s 05). En mai 2017, elle
décroche la médaille de bronze
des Jeux de la solidarité
islamique à Bakou en 2 min 02 s
47, devancée par la Marocaine
Malika Akkaoui et l'Ougandaise
Halimah Nakaayi. Le 24 juillet,
elle remporte la médaille
d'argent des Jeux de la
Francophonie d'Abidjan, devancée
à nouveau par Malika Akkaoui,
mais réalise son meilleur temps
de la saison en 2 min 01 s 27.
Sélectionnée pour les
championnats du monde, à
Londres, elle court son meilleur
temps de l'année en séries en 2
min 00 s 99, puis l'améliore en
demi-finale en 1 min 59 s 74
pour terminer 3ème de sa course,
manquant la qualification pour
la finale pour seulement 8
centièmes. 9ème des demi-finales
malgré le 7ème temps (la
dernière demi-finale étant plus
lente), elle réalise le meilleur
résultat d'un athlète du Bénin
dans l'histoire des mondiaux. Le
18 février 2018, elle s'impose
pour la troisième fois aux
championnats de France en salle
à Liévin, 2 min 3 s 52. Lors de
la saison estivale, elle réalise
sa saison la plus aboutie, avec
des chronos réguliers dans les 2
min 01 s 00, bien qu'elle ne
descende pas sous les 2 min, son
meilleur temps étant 2 min 00 s
06 à Heusden-Zolder le 21
juillet. Vainqueure à Montgeron,
Birmingham, Dessau et Marseille,
elle apparaît trois fois en
Ligue de diamant sur 1500 m en
tant que lièvre, menant Caster
Semenya, Gudaf Tsegay et Shelby
Houlihan sous les 4 minutes. Sur
cette distance, elle établit par
ailleurs à Blois un nouveau
record national en 4 min 20 s
09.
Noélie Yarigo (à gauche) en
compagnie
du Ministre des Sports Béninois
Benoît Dato
En 2019, elle remporte la
médaille d'or sur 1 500 m aux
championnats d'Afrique de
l'Ouest à Niamey. Sur le
double-tour de piste, elle
atteint la finale des Jeux
africains de Rabat, terminant
7ème, puis atteint une nouvelle
fois les demi-finales des
championnats du monde, à Doha,
5ème de sa course et 10ème temps
global.
En 2020, dans une saison
tronquée par la pandémie de
COVID, elle remporte le titre
national en salle (2 min 06 s
79) et en plein air (2 min 04 s
76). Elle s'impose en juin à
Bydgoszcz avec son meilleur
temps de la saison (2 min 00 s
11), à Heusden-Zolder et à
Yaoundé.
Le 17 février 2021, à 35 ans,
Noélie Yarigo bat à Toruń son
record personnel et national en
2 min 01 s 01. En plein air,
elle ne compte qu'une victoire à
Cergy-Pontoise (2 min 00 s 78)
mais réalise durant la saison
plus chrono sous les 2 min 01 s,
notamment à Sollentuna et
Tomblaine, son meilleur temps (2
min 00 s 28). En août, elle
participe à ses seconds Jeux
olympiques, à Tokyo, où elle
atteint de nouveau les
demi-finales (7ème en 2 min 01 s
41, après s'être blessée à la
cheville lors des séries). Elle
conclut sa saison par une
troisième place à Nairobi, le 18
septembre.
En février 2022, elle est
disqualifiée en finale des
championnats de France en salle
à Miramas. Faisant l'impasse sur
les championnats d'Afrique pour
raisons de santé, elle est tout
de même sélectionnée dans
l'équipe du Bénin pour les
mondiaux de Eugene, au cours
desquels elle est pour la
troisième fois consécutive
demi-finaliste, terminant
septième de sa course. Le 30
août, à Rovereto, elle court
pour la troisième fois de sa
carrière sous les 2 minutes, en
1 min 59 s 75, son meilleur
temps depuis 2017.
Noélie Yarigo (à gauche) avec
son entraîneur
Lors de l'hiver 2023, Noélie
Yarigo réalise la meilleure
saison de sa carrière, et
retrouve une jeunesse à 37 ans.
La Béninoise commence sa saison
le 4 février à Val-de-Reuil et
casse pour la première fois la
barrière des 2 minutes en salle,
s'imposant en 1 min 59 s 29,
meilleure performance mondiale
de l'année, record du Bénin,
ainsi que nouveau record de
France. En effet, depuis 2018,
seule la nationalité française
est nécessaire pour détenir le
record de France. Elle améliore
ainsi les 2 min 00 s 42
d'Élisabeth Grousselle établis
en 2006. 4 jours plus tard, à
Toruń, elle termine 2ème
derrière Keely Hodgkinson (1 min
57 s 87) en battant une seconde
fois les records nationaux
qu'elle détient, courant 1 min
58 s 48, deuxième meilleure
performance mondiale 2023. Avec
ce chrono, la franco-béninoise
devient la 25ème meilleure
performeuse mondiale de
l'histoire en salle, et la 2ème
en catégorie master, à 11
centièmes du record du monde des
plus de 35 ans détenus par la
Tchèque Helena Fuchsová depuis
2001. Elle continue sa saison
hivernale avec trois autres
courses du Circuit mondial en
salle de l'IAAF, s'imposant à
Madrid, terminant 3ème à Liévin
et 7ème à Birmingham, les deux
premières courses en 2 min 01 s
47 et la dernière en 2 min 01 s
18. Elle termine deuxième du
classement général, derrière
Keely Hodgkinson.
Lors de la saison estivale, le 4
juin à Chorzów, Noélie Yarigo
court le second meilleur 800 m
en plein air de sa carrière, en
1 min 59 s 53, derrière son
record national (1 min 59 s 29)
établit en 2016. Cinq jours plus
tard, lors du Meeting de Paris
pour la Ligue de diamant, elle
termine 5ème de la course et
établit un nouveau record du
Bénin du 800 m en plein air en 1
min 58 s 65. À 37 ans, elle
réalise par ailleurs son
deuxième meilleur chrono de
référence, derrière ses 1 min 58
s 48 établit en février en
salle. Elle est nommée
porte-drapeau de la délégation
du Bénin aux Jeux olympiques
d'été de 2024 à Paris en
compagnie du judoka Valentin
Houinato. |